L’évolution de la socialisation a fait apparaître le besoin d’évaluation des individus pour leur intégration adéquate dans la société industrielle occidentale. Le QI (quotient intellectuel) a servi de base à l’évaluation constante de l’individu, de la maternelle à la vie active. Couramment employé comme échelle métrique de l’intelligence, ce test de développement intellectuel a été mis au point par le psychologue français Alfred Binet avec l’aide du psychiatre français Théodore Simon lors de l’instauration de l’école obligatoire en 1905 (test BINET – SIMON). Destiné tout d’abord à mesurer l’intelligence (par les connaissances et aptitudes) des enfants, relativement à leur âge et en donnant un âge mental ; son emploi s’est élargi à toutes les classes de la société avec tous les excès que l’on connaît.
Dans la course aux performances pour s’assurer la meilleure position, dans les contraintes relationnelles du travail, dans le besoin d’affirmer sa valeur, les échecs relatifs ont créé des émotions, tant positives que négatives, mettant en lumière des différences quant à la capacité à gérer ses émotions.
Le quotient émotionnel ou QE (élaboré par Mayer et Salovey, deux chercheurs ayant travaillé sur la question de l’intelligence émotionnelle) est défini comme « l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres ». Là encore, la dérive fut aisée en ramenant les émotions au rang de capacité « intellectuelle » par analyse du QE. Il faut plutôt utiliser le lâcher-prise et le pardon.
À ce stade, il m’est apparu qu’il manquait, en Occident, le quotient spirituel ou QS. Une recherche sur Internet me permit de vérifier que Danah Zohar, philosophe, physicienne et consultante pour des multinationales, y a aussi pensé. Pour elle, « chaque individu dispose d’une « intelligence de l’âme » lui permettant d’accéder à un sens, à une vision, à des valeurs » avec de nouveau une classification qui, de manière incohérente, se ramène toujours au niveau d’évaluation par l’intellect. La bonne approche serait plutôt celle de la contemplation et de la méditation.
Figure 1 Kurama yama,
symbole de la grande lumière brillante en action,
les trois anneaux d’argent symbolisent
les trois attributs ou lumières de Goh? Mao-So : Lumière, Force, Amour.
Il m’a semblé pertinent d’étudier ces trois quotients sous l’angle des perspectives qui m’ont été apportées par le Reiki et nombre d’autres traditions spirituelles.
Remarquons aussi que toutes les traditions exotériques et ésotériques parlent de trois niveaux concernant l’esprit humain. À chacun de ces niveaux est associée une lumière symbolique à expérimenter par des pratiques appropriées.
Cette lumière est inhérente à ce qui existe. Elle en est la potentialité, la réalisation et l’énergie qui ne se perd ni se crée. Elle induit toutes les transformations. Elle est la réalité ultime et UNIQUE parce qu’incluant TOUT, y compris la possibilité de dualité (complétude). Elle est donc la source inconnaissable mais intuitivement accessible à notre conscience indivi-duelle (jeu de mot entre indivision et dualité, comme le chiffre 0 dont la division par tout nombre donne toujours 0 et dont la dualité s’exprime en tant que point médian entre négatif et positif), car cette indivi-dualité a valeur de quantum du TOUT.
Cette lumière est donc indépendante des univers spatio-temporels, des dimensions émotionnelles et de toutes les dimensions spirituelles et mystiques parce que les incluant et les régissant. Elle est la lumière de la conscience globale du TOUT.
Cette lumière porte la dualité, l’énergie et l’espace-temps nécessaires à la propagation et au rayonnement. La transformation créatrice fait apparaître les dimensions comme l’expression des dualités matérielles, émotionnelles et spirituelles. Ces dimensions permettent de mesurer l’agitation provoquée par cette lumière et ces ombres dans chaque niveau où l’homme a voulu s’évaluer. La lumière de la création est appelée messagère des dieux (Hermès portant le caducée) ou lumière agitée (ondes électro-magnétiques).
Étant donné que la lumière agitée apparaît et se propage en ondes dans toutes les directions, et depuis le début des temps, des combinaisons associatives se révèlent. Ces associations empêchent la propagation directe et provoquent des effets de ralentissement et de tourbillonnement par réflexion sur des zones locales. Ces zones piègent, dans l’espace, cette lumière, lui conférant une densité et donc une masse de « matière ». De ce fait, les particules (ondes contenues dans des limites spatiales changeantes, d’où le double aspect onde et particule) apparaissent avec toutes les structures complexes de leurs agrégats en atomes, molécules et amas.
Les kanji soleil et lune représentent les charges électriques positives et négatives des zones de réflexion de l’électron au repos représenté en figure 2.
Figure 2 Conception synergétique de la création de la matière
La somme de deux charges négatives plus une positive donne comme résultat une charge globale négative pour l’électron. L’équivalence de ces zones avec l’appellation « quarks » est cohérente. On notera que, pour se déplacer, l’électron verra apparaître trois zones supplémentaires qui subsisteront comme nouvelles zones de l’électron au repos lorsque les trois anciennes s’évanouiront. Dans le modèle avec quarks, on voit bien apparaître ces sous particules de transition et on leur attribue les qualificatifs up ou down, charmed ou strange, top ou bottom. La combinaison des quarks au repos avec un de chacun de ces types de quarks nous donne trois axes avec trois valeurs scalaires et dont la somme vectorielle est la direction de propagation de l’électron.
Cette conception « synergétique » de la matérialisation des ondes électromagnétiques en particules permet de comprendre le concept d’incertitude associé. En effet, si l’on mesure la particule (apparence externe), on ne peut mesurer efficacement l’onde interne. Si l’on mesure l’onde (apparence interne), on ne peut connaître les contours externes pendant le temps de vol de l’onde puisqu’il faut que celle-ci atteigne les zones où elle va se réfléchir.
C’est le rapport entre l’univers matériel et mesurable qui nous héberge et la représentation que nous sommes capable de nous en faire. Ainsi, nous élaborons des modèles, plus ou moins valables, en fonction de nos capacités intellectuelles à un instant donné. Nous supposons appréhender une « réalité » toute relative en étant observateur de ce monde, somme toute illusoire, puisque limité par notre imagination liée à nos sens (étendus en sciences par les appareils de mesure qui nous donnent des résultats accessibles à l’intellect).
Nous mesurons des dimensions pour nous repérer dans ce monde matériel.
Se mesurer à l’univers pour comprendre quel est le sens de notre vie met notre bon sens à rude épreuve. Nous nous situons dans la matière pour essayer de répondre à notre pourquoi existentiel.
Pour les praticiens et enseignants que nous sommes, la compréhension intellectuelle de la manifestation, du mode d’action et de l’origine du Reiki contribue à mettre notre QI à l’épreuve pour le faire grandir.
En effet, la mise en pratique des techniques et initiations (données par les enseignants) suscite bien des interrogations quant aux résultats qui sont constatés et aux ressentis (hibiki ??). Pour contribuer à enrichir notre QI, nous devons imaginer des réponses cohérentes avec notre modèle de la réalité matérielle. Tout questionnement doit recevoir une réponse, même partielle, et nécessite des efforts de recherche personnelle qui entraînent et font progresser notre QI.
Notre « lumière intérieure » (miroir de la lumière originelle par notre quantum de conscience que certains appellent le soi sans bien le définir) nous rend la mesure de notre rapport face aux dimensions émotionnelles que nous expérimentons. Les dimensions émotionnelles sont moins familières que les dimensions physiques car leur expression est moins facilement mesurable, du fait que nous sommes à la fois l’objet et l’observateur de l’expérimentation. Les mots utilisés dans le langage « matériel » nous conduisent à utiliser des métaphores pour décrire plus précisément les émotions. Le maître zen Thich Nhat Hanh, grand philologue, linguiste et traducteur de nombreux textes bouddhiques, a trouvé un mot français plus approprié que le soi : le « tréfonds ».
On remarquera aussi que le temps des émotions est décorrélé du temps physique où notre corps évolue. Il en découle des décalages tels que : préoccupation, rumination, attentisme, ressentiments, etc.
Ceci peut avoir des répercussions sur la santé du corps physique en perturbant le temps biologique et imposant des énergies inadaptées et disproportionnées à certains organes cibles comme le foie (colère), le pancréas (soucis), les intestins (la rage au ventre), l’estomac (manque de pardon, difficulté à digérer les situations), la rate (se faire du mauvais sang), le cœur (manque de gratitude et de compassion), les reins (émotions vis-à-vis des autres et pour lesquelles il faut avoir les reins solides, faute de quoi on peut se faire briser les reins), etc.
Voici un tableau sommaire où figurent quelques exemples. Je vous suggère d’y ajouter des lignes pour tester votre QE.
Mal |
Nirvana |
Bien |
Haine |
Equanimité |
Amour |
Colère |
Compassion |
Indifférence |
Etc. |
Etc. |
Etc. |
La maîtrise de nos émotions est facilitée par le Reiki, grâce à l’introspection, à l’énoncé clair de nos intentions, lors des pratiques et du lâcher prise du mental. Ainsi, les émotions vont révéler leur nature illusoire et nous permettre de trouver le point neutre – l’équilibre émotionnel – pour chacune de celles que nous sommes capables de reconnaître. Des techniques japonaises particulières de Reiki ont justement pour objectifs les émotions (seiheki chiry? h?, nentatsu h?, byogen chiry?, etc.).
Dans le Reiki, la pratique, les techniques spécifiques et les initiations reçues nous conduisent à une juste compréhension de notre rapport aux émotions. Cela nous permet donc de fortifier notre QE pour réguler l’influence de nos émotions et supprimer les souffrances inhérentes.
Pour nous « situer » spirituellement, nous devons comprendre ce que spirituel signifie. L’étymologie latine nous donne « relatif au souffle » ou « relatif à l’esprit ». La racine équivalente grecque est « pneuma », esprit, âme et ses dérivés « pneumatikós », spirituel et « pneumatikótita », spiritualité.
Souffle et esprit évoquent la notion abstraite de ce qui est volatil, évanescent, hors du temps et de l’espace, sans émotions et au-delà de notre condition de mortel. Ainsi, la spiritualité est plus une recherche pour nous relier, une aspiration à trouver la réponse à ce que nous sommes en réalité.
Dans les pratiques du Reiki, nous disposons des moyens spirituels tels que méditation gassh? ou gassh? meiso, purification de l’esprit j?shin koky? h?, concentration de l’esprit seishin t?itsu + gassh? + reiju, etc. Tous aident à aller vers le satori.
L’état de satori – plus ou moins bref et plus ou moins fréquent dans notre vie – permet d’expérimenter anshin ritsumei (????), c’est-à-dire « paix et illumination spirituelles ; garder un esprit imperturbable grâce à la foi ». C’est l’équivalent de bien d’autres expressions telles que : extase christique, état de bouddha, samadhi, illumination, etc. Alors, chaque opportunité de se connecter à la lumière originelle correspond parfaitement à cette description :
Le Reiki est le moyen le plus rapide de renforcer notre QS, par les pratiques corporelles, les formulations d’intentions harmonieuses, les méditations et pratiques spirituelles afin de renforcer notre appartenance au TOUT.
À titre de parabole, les labyrinthes représentent bien la description des trois quotients et nous font comprendre qu’il ne s’agit, en fait, que du parcours et de l’évolution de notre conscience indivi-duelle à divers degrés.
Dans le labyrinthe de la cathédrale de Chartres (figure ci-contre), on remarque :
Ainsi, les divers quotients sont comme les enseignements primaires, secondaires et universitaires. Ils se recoupent, se réétudient et s’approfondissent.
Nous n’apprenons pas les techniques du Reiki comme un savoir diplômant. Pouvons-nous nous contenter d’atteindre des degrés ou même de faire, simplement, du Reiki notre « métier » ou encore notre modus vivendi de confort ?
La voie du Reiki est la voie de la conscience créatrice (densification) depuis la lumière originelle vers la lumière dense de notre monde, tout autant que l’apprentissage du retour depuis la densité vers la libération de la conscience indivi-duelle par l’éveil.
Le Reiki est la voie de la réalisation de notre appartenance corps et âme à la lumière originelle (fusion dans le TOUT par l’éveil).
Patrick Legros
patrick1legros@gmail.com
(Je remercie Patrick Lorin [photographe officiel des congrès de Reiki à Evian] pour ses relectures et apports nécessaires à une meilleure compréhension du texte.)