Transmettre en pleine conscience, transmettre aux enfants
– par Maïtena Lapeyre –
« Transmettre, c’est faire passer dans la possession de quelqu’un ».
Il s’agit bien du don de ce que l’on possède, ici, une technique pour partager le Reiki, apprise par notre Maître qui nous l’a transmise, etc., avant de passer au stade de l’initiation, clé de la canalisation du Reiki.
Ce choix de transmettre est le fruit de notre pratique, souvent en réponse à la demande de notre environnement, l’aboutissement d’une maîtrise qui rend la transmission évidente et nécessaire.
Le point-clé de la transmission, c’est la maîtrise du geste du Sensei qui entraîne la maîtrise du geste de l’élève. Cette maîtrise conditionne l’accès à l’initiation qui permet à l’élève de se connecter à l’énergie.
Tout enfant ayant reçu du Reiki peut exprimer le souhait de devenir son propre praticien. C’est au Sensei d’en déterminer la faisabilité. Si les contraintes sont trop lourdes, il vaut mieux attendre de meilleures dispositions.
L’envie d’apprendre est-elle suffisante pour recevoir cette technique et être dans les dispositions indispensables à l’apprentissage ?
Par expérience, la réponse est NON ! Ici encore, malgré la bonne volonté dont vous et votre élève faites preuve, vous resterez à l’affût du moindre signe indiquant un décalage entre votre enseignement et la façon dont l’enfant le reçoit. Le premier indice, le seul à valider quant à la pertinence de cette formation, c’est le désir exprimé de l’enfant. Une volonté qui ne tient ni à l’opposition avec ses parents, ni à un souhait de complaisance. Penser que c’est « une bonne chose pour cet enfant » n’est pas un argument recevable.
Le libre-arbitre de l’élève ne nous appartient pas, à nous de rester vigilants quant au déroulement de la formation et là, oui, notre bon sens nous guide.
Transmettre à SON enfant ? Oui, sauf si votre enfant est en opposition avec vous. Quelle que soit votre bonne volonté, votre sincérité, votre investissement personnel, votre position sera biaisée et influera sur la qualité de votre transmission et sur la qualité de sa réception.
Vous trouverez une personne de confiance à qui passer le relai, faites-vous confiance !
« (…) Je réexpliquerai jusqu’à ce que tu saches faire et que tu me le prouves. (…) ». Telle est l’attitude de l’adulte qui croit pouvoir soigner l’anorexie par le gavage : une volonté se cabre et renforce la détermination de l’autre. La relation bascule alors dans une partie de bras de fer à laquelle les enseignants ne sont pas préparés et dont ils sortiront, bien souvent, blessés (…) ». Philippe Meirieu, Université de tous les savoirs – An 2000.
Cet extrait résume précisément ce à quoi vous risquez d’être confronté si vous pensez qu’un stage d’initiation avec votre adolescent va permettre de recréer le lien familial distendu et douloureux. Certes, la formulation est caricaturale, et personne ne s’identifie à ce parent monstrueux. Je vous déconseille de vous y risquer, les dommages pourraient être difficiles à réparer car, vous portant atteinte, votre enfant – qui ne peut pas s’empêcher de vous blesser – ne se le pardonnera pas et sera d’autant plus agressif. Et voici comment fermer le cercle !
Évidemment, je garde à l’esprit les cas particuliers impossibles à lister ici, prouvant que des exceptions existent.
Compte tenu du développement cognitif et affectif de l’enfant, d’une manière très générale, attendre qu’il ait dix ans me paraît sage.
À partir de dix ans, l’enfant part à la conquête de son indépendance par rapport à ses parents, il construit sa propre identité. Le regard des autres comptes. L’enfant découvre l’empathie, devient capable de concentration, les notions abstraites lui deviennent familières. C’est aussi la période où le raisonnement s’affine, il analyse, il argumente, il est capable de débattre, de construire ses conclusions. Dans le même temps, il prend conscience de lui, tant de son corps que de sa place dans la société et subit les émotions qui naissent de ces constats.
Avec l’irruption de l’empathie, il se peut qu’un enfant perçoive la responsabilité que représente cet apprentissage comme un fardeau, que son sentiment d’impuissance efface les aspects positifs qui se seront révélés. Il n’osera peut-être pas en parler, de peur de décevoir, trop souvent. Une attention sans faille de votre part vous permettra de l’aider.
Cet apprentissage doit absolument être porteur de joie et de légèreté pour l’enfant. S’il vous semble triste ou accablé sous une charge trop lourde, intervenez aussitôt. Il existe des solutions dont vous déterminerez la pertinence en fonction de l’enfant. Voici deux pistes, parmi d’autres : faire intervenir des animaux, ce sont d’excellents supports, qui acceptent volontiers de recevoir le Reiki, gratifiant leur donneur de leurs remerciements. Vous pouvez aussi accompagner l’enfant dans une pratique quotidienne, à partager en famille ou entre amis, d’envoi de Reiki à la Terre, rejoindre les groupes d’envoi existants. Ces envois, le fait d’agir par lui-même, lui permettront de se positionner comme acteur et de sortir du rôle ingrat de spectateur impuissant.
À noter aussi que la participation à des envois de groupe permet à l’enfant de relativiser le sentiment de toute-puissance que son jeune âge l’empêcherait de gérer. Car c’est, ici aussi, un écueil dont il faut tenir compte. La maturité intellectuelle n’évolue pas au même rythme que la maturité affective, créant des décalages lourds de conséquence auxquels nous devons faire attention.
Pour toutes ces raisons, je trouve que l’initiation qui permet l’accès à l’auto-traitement est particulièrement adaptée à ces jeunes enfants, la pratique du Reiki leur apporte un positionnement rassurant sur le plan social et personnel.
En l’accompagnant, en lui permettant d’intégrer l’univers du Reiki, l’enfant se sent en sécurité. À travers son Sensei, l’appartenance au groupe, même si elle peut terrifier certains esprits, rassure l’enfant.
À ma connaissance, ici, nous ne sommes pas confrontés aux exactions, tentatives de prises de contrôle ou autres égarements d’égos qui ne retiendront pas davantage notre attention.
Ces expériences vont enrichir son initiation et libérer l’enfant.
Pour apprendre, en revanche, un enfant a besoin de règles fixes régissant sa pratique. Prenons l’exemple de la lecture, il ne viendrait à l’idée de personne de modifier la reconnaissance de chaque lettre dont découle sa place et son utilité. Si, un jour, le A devait se prononcer autrement, nous rencontrerions, toutes et tous, de sérieuses difficultés de communication, pour n’évoquer que ce point…
Il en va de même pour la technique que nous transmettons. Elle répond à des exigences qui ne nous appartiennent pas et que nous devons respecter, sous peine d’altération du sens, de la technique et de sa transmission. Je pense exprimer l’opinion d’une majorité en affirmant que toute digression représente un réel danger pour la pratique du Reiki.
L’enfant a besoin d’apprendre, par l’observation autant que par la mise en pratique, des techniques claires, précises et IMMUABLES, pour les assimiler avant de développer son ressenti. Peu de situations sont aussi anxiogènes que celle qui consiste à s’impliquer dans un apprentissage dont les règles changent d’une leçon à l’autre. C’est la constance du Sensei qui permet à l’élève, quel que soit son âge, de s’approprier la technique, de maîtriser le geste pour réussir à se faire confiance lors de chaque mise en application. (Parenthèse personnelle, c’est ce qui rassure les personnes qui reçoivent du Reiki : retrouver les mêmes gestes chez les différents praticiens qu’elles consultent.)
Comme après chaque initiation, vous pourrez observer une période d’hyper attachement au Sensei pendant quelques jours suivant la fin de la formation. C’est une étape nécessaire pour certains, elle permet à l’enfant, peu à peu, d’intégrer ce contenu qui devient une part de lui-même. Pour ce faire, l’enfant doit lui créer l’espace où ce savoir pourra s’épanouir. Vous le savez, l’initiation crée le terreau du développement que la pratique enrichira.
Ce qui donne du crédit à la pratique et permet à l’individu de s’y consacrer sans réticence, c’est cette rigueur dans la technique. C’est elle qui ancre sa confiance de façon inconditionnelle – pas de dessin à faire, tous les élèves de Nita savent l’intensité de ce mot – dans la pratique choisie. C’est valable pour le Reiki comme pour toute pratique et a fortiori impliquant un choix spirituel.
À ce propos, quel regard portons-nous, réellement, sur ces règles que nous avons acceptées ? Pour certains, peut-être sont-elles ressenties comme limitantes ? Si c’est le cas, une remise en perspective des intentions et des Cinq Idéaux peut s’avérer utile. Pour la majorité d’entre nous, c’est une référence sûre. Face à cette unité, il sera de plus en plus difficile aux détracteurs de trouver des failles justifiant des critiques dont le Reiki n’a nul besoin.
Et c’est cette tranquille certitude qui nous permet de transmettre en toute sérénité, de répondre pertinemment aux demandes concernant notre pratique, d’affirmer aux yeux du monde notre volonté d’y œuvrer pour son plus grand bien… Je crois pouvoir affirmer que, dans les grandes lignes, nous partageons les mêmes valeurs de mutualisation de nos connaissances, pour favoriser la pratique du Reiki, un bienfait pour le monde, un bienfait auquel chacune et chacun a accès.
Une pratique plus répandue du Reiki est la réponse que nous pouvons apporter aux maux de nos sociétés. C’est ainsi que nous devenons, humblement, acteurs du monde que nous souhaitons.
Je vous souhaite de merveilleuses transmissions et, bien évidemment, je reste disponible si vous souhaitez transformer cet article en échange.
Maïtena Lapeyre
Praticienne et Maître Reiki à l’Association L’Étincelle, Toulouse
ensoducalme@gmail.com