Nous avons reçu des initiations et appris à mettre à disposition Reiki dans un processus de focalisation porté par la conjugaison de l’intention et de l’attention. Nous sommes alors dans un processus occasionnel et circonstanciel que les exigences d’une situation provoquent. Nous souhaitons parfois que cette focalisation perdure en l’ancrant dans des intermédiaires cristallins pour soutenir nos attentions qui ne sont pas permanentes. Malgré une efficacité indéniable, nous sommes interpellés par l’impermanence de notre capacité d’attention et parfois d’intention qui nécessite un tel support de distribution. Ce sujet mérite une petite réflexion et sans doute la mise en œuvre d’une attitude et d’une circulation énergétique juste un peu différentes de celles dont nous nous contentons dans l’usage courant.
Nous plaçons Reiki dans un absolu et nous disons volontiers l’énergie la plus haute à laquelle nous pouvons nous relier, pas manipulable et pourtant que nous pouvons mettre à disposition, indivisible et pourtant dissociable dans ses propriétés sous le masque des symboles. À l’évidence nous nous plaçons sur les ailes du Reiki sans en connaître le principe. Il en est de même pour l’être humain ; nous croyons connaître un peu ses corps de manifestation et surtout celui le plus concret, et encore, nous sommes loin d’une véritable connaissance. Si bien que nous jouons avec un principe que nous ne connaissons pas, avec des structures dont nous ignorons les véritables natures et propriétés. Le miracle est que cette étrange association fonctionne et que des résultats montrent son opérativité.
Pour sortir de notre ignorance, il apparaît comme évident d’aller vers la connaissance. Mais pas par le cheminement scientifique habituel qui établit une relation indirecte et recomposée avec ce qui est observé qui, de ce fait, aboutit à une forme descriptive qui est, en partie seulement, opérative.
Pour sortir de ce cheminement, il nous faut être dans l’inversion. C’est le mouvement d’être qui va du centre vers la périphérie. Nous sommes habitués à un niveau personnel qui fonctionne avec avoir. Associé au mode avoir, vient le « que faire » et le « comment faire ». Dans ce mode, le mouvement est l’appropriation : appropriation de qualités, d’états, de fonctionnalités qui sont tous liés aux corps de la personnalité.
Dans l’inversion « que dois-je faire » devient que « dois-je être ». L’expression s’adapte alors à un principe émetteur, rayonnant qui est présence d’être. Le cheminement du centre vers la périphérie débute. Le premier principe qui est mis en jeu est celui qui correspond au plan juste au-dessus de la personnalité et que beaucoup de traditions nomment « âme ». Il faut du courage et de la patience pour s’orienter ainsi et s’y maintenir. Ce vécu nous forge le chemin pour aller du personnel à impersonnel des dimensions de l’esprit.
C’est aussi la voie pour aller vers la connaissance. Il ne s’agit plus d’apprendre (ap-prendre) ou de comprendre (com-prendre) mais d’établir un lien direct de connaissance. Le savoir n’est plus acquis, il est vécu. Il nécessite non seulement l’inversion et un peu plus avec l’identification qui ne se fait qu’en être.
C’est ainsi que la vue devient le support de la vision. Si nous prenons l’exemple de la pratique des arts martiaux arrivée à un stade très expérimenté, regarder devient voir et savoir immédiat. Toute action se révèle immédiate et juste en rapport avec la situation. Le sens de la vue s’est inversé pour créer la connaissance directe. Il en est de même pour toute attention.
Reiki dans sa pratique nous entraîne à nous installer dans un mouvement qui va du centre vers la périphérie. Que nous manque-t-il pour être en permanence dans ce mouvement en résidant au centre ? Sans doute ce qui est le plus difficile à atteindre, c’est la simplicité dont on dit qu’elle nous ouvre les portes de L’Esprit.
Alors Reiki et sa mise à disposition sont les vecteurs du mouvement d’être qui peut se pratiquer en restant au centre tout en étant présent dans tout ce qui est. Cet état d’être nous met dans l’attitude et les dispositions du Service.
La première des conséquences est la réalisation d’un état de rayonnement particulier qui se maintient en permanence. Elle suppose que l’attention reste au centre. Elle suppose encore que toute considération se fasse au centre. Et que tout mouvement parte encore du centre et soit vécu au centre. A partir de là, connaissance et actions seront directes en laissant aller tous les magnifiques outils intermédiaires dont nous nous sommes dotés.
Deux difficultés majeures apparaissent : s’installer au centre et y rester. Qui a dit que la simplicité était simple à réaliser ? Notre champ d’expérience nous est fourni par notre existence et nous avons un allié précieux en Reiki pour atteindre ce but digne de la nature d’être humain.
Michel Barrière