Reiki dans un foyer pour personnes polyhandicapées
Préambule
Cet article comporte deux parties : la première est un extrait d’un rapport circonstancié rédigé en 2015 dans lequel j’ai retranscrit objectivement les données recueillies au moyen de deux questionnaires au sujet d’un projet de sensibilisation et de découverte du Reiki dans une institution dévolue à l’accompagnement de personnes en situation handicap sévère.
La seconde fait un état des lieux de la situation quatre mois plus tard sous la forme d’un dialogue intérieur.
Première partie
Introduction
Le projet Reiki a vu la lumière en 2015 dans l’intention de montrer que des séances de Reiki peuvent être bénéfiques pour les résidents de ***.
Nous avons proposé aux collaborateurs de différents secteurs de *** de participer à une séance de Reiki « découverte » afin qu’ils puissent s’exprimer sur ce qu’ils pouvaient ressentir et se prononcer sur l’adéquation entre cette approche énergétique et notre population polyhandicapée.
Sur la base du volontariat, 32 séances de Reiki ont été effectuées. Des hommes (37%) et des femmes (63%) de différents secteurs, âges et corps de métiers se sont impliqués dans cette démarche et ont exprimé leur avis par le biais de 2 questionnaires.
Analyse des questionnaires : arrêt sur quatre questions
1. Le 89% des sujets estime que le Reiki serait profitable pour les résidents/usagers. Le 11 % ne sait pas. Une remarque a été faite à ce sujet dans le sens où cette pratique ne demande pas beaucoup de matériel et que des effets bénéfiques sur les résidents ont déjà pu être constatés.
2. Le 100% des participants conseilleraient à un ami de faire une séance Reiki.
3. A peu près 58% des sujets aimeraient en savoir plus sur le Reiki. Le 42% n’en ressent pas le besoin. Un sujet exprime le désir d’en avoir un résumé. Un autre dit qu’il serait bien de le faire reconnaître comme une approche spécifique qui va au-delà du bien-être.
4. Les collaborateurs se posent les questions suivantes :Est-ce que tout le monde peut donner du Reiki ? Est-ce que tout le monde peut recevoir du Reiki ? Peut-on se former pour pratiquer le Reiki ? Comment ça marche ? Faut-il des prédispositions particulières ? Comment valoriser cette approche ?
Conclusions du projet
Les séances Reiki se sont déroulées dans le service de relaxothérapie du Foyer ***. Un service qui est destiné à accueillir les résidents pour leurs massages. Nous étions en quelque sorte des intrus dans ces lieux. Nous avons toujours utilisé la même table de massage et mis la même musique (musique qui était entendue dans tous les locaux du service car un seul poste). Des paravents autour de la table ont permis de créer un cadre plus intime. Les participants pouvaient accepter ou refuser de se couvrir avec une couverture. Mais la pièce étant suffisamment chauffée, ils ont souvent refusé. Tous étaient au courant du but de la séance, soit de « tester » si le Reiki pourrait être bénéfique pour les résidents. Avant de commencer la séance, ils remplissaient la moitié d’un questionnaire. Après la séance ils répondaient aux mêmes questions et s’exprimaient par écrit sur leur ressenti. Certains participants se sont décrits comme sceptiques mais ont bien voulu essayer.
Les résultats aux deux questionnaires (remplis le jour de la séance et après quelques jours de la séance respectivement) vont dans un sens positif comme nous l’avons indiqué plus haut. Aucun risque potentiel pour les résidents n’a été signalé. Il en ressort surtout beaucoup de bien-être, de détente, de relaxation et la disparition de douleurs ou du stress.
Cette découverte du Reiki a été décisive pour un certain nombre de personnes et un mouvement de formation des collaborateurs a été amorcé.
Certains résidents ont commencé à bénéficier de séances Reiki.
A la lumière de ces résultats fort encourageants, nous pourrions envisager :
Enfin, pour aller plus loin dans cette démarche, nous aimerions inviter les équipes à réfléchir, par l’intermédiaire d’un questionnaire, aux besoins et envies des résidents dans ce domaine.
Remerciements à toutes les personnes qui ont contribué à cette expérience.
Deuxième partie
Dialogue intérieur
Moi (M) : qu’est-ce que tu retiens de bon de 2015 ?
Moi Intérieur (MI) : le projet Reiki m’a beaucoup touchée. Que la Direction accepte, que les collaborateurs jouent le jeu, qu’on me fasse confiance pour faire du Reiki aux résidents « palliatifs »….
M : Mais, que fais-tu pour que l’on autorise les débutants en Reiki à le pratiquer également ?
MI : Pour l’instant, j’attends…
M : Tu attends quoi ? Rien ne se passera les bras croisés!
MI : J’attends que la Direction lise ou relise mon rapport, qu’elle réfléchisse aux propositions que j’ai faites dans la conclusion, qu’elle me donne son avis, qu’elle se positionne…
Un projet c’est comme les saisons : on plante; sous terre a lieu la transformation et un beau jour, on est récompensé par l’attente.
M : Selon tes rêves, quelle sera la récompense pour le Reiki au bout de ce long hiver ?
MI :Il y en a déjà, par exemple : Monsieur *** reçoit deux séances de Reiki par semaine, certains collaborateurs se forment… mais il y a encore du travail. A commencer par une rencontre avec ceux qui ont fait les séances, puis par une réflexion sur les bienfaits du Reiki sur les résidents, sur l’élargissement du nombre de bénéficiaires du Reiki, sur le fait d’en parler aux familles ainsi que sur l’autorisation d’une pratique pour tous.
M : Oublies-tu les frais ?
MI : Le Reiki étant une démarche personnelle les gens se forment à leurs frais. Elles sont ainsi libres de pratiquer ou pas et d’aller à leur rythme.
M : C’est cool! Mais on fait quoi pour enlever les peurs et « briser » les fausses croyances ?
MI : S’informer, se renseigner. Par exemple, Nita pourrait venir donner une conférence Reiki chez nous en 2016. Si les familles, les collaborateurs et les résidents s’y inscrivent à l’avance, on pourrait alors prévoir un lieu approprié pour cette rencontre. La connaissance dissipe les peurs.
M : Tu fais bien d’avoir des rêves. Toutefois, sont-ils vraiment indispensables ?
MI : Oui, car les rêves précèdent toute réalité et ils sont le moteur de notre existence!
…..dialogue sans fin.
Margarita Menendez Fernandez
éducatrice spécialisée dans un Foyer pour personnes polyhandicapées