Un discours très en vogue en ce moment, en tout cas en terrain helvétique, consiste à demander la reconnaissance, et donc le remboursement, des traitements de Reiki par les assurances. Une bonne chose ? Oui et… non !
En Suisse, et nous sommes conscients que c’est un privilège, certaines assurances acceptent de rembourser les traitements de Reiki. Encore faut-il que le praticien, qui doit avoir suivi les différents degrés de Reiki jusqu’à la maîtrise, en fasse la demande et que cette dernière soit acceptée. Pour faire un résumé très bref : certaines caisses remboursent les soins de certains praticiens.
Belle ouverture dont on ne peut bien sûr, à plus forte raison quand on connaît les bienfaits du Reiki à titre préventif également, que se réjouir !
Mais… (car comme souvent, il y en a un), cela provoque également de nombreuses situations qui ne sont elles, semble-t-il, guère en faveur du Reiki !
À commencer par une tendance très généralisée, dès que l’on a suivi un cours de Reiki, à se prendre pour un thérapeute et à prétendre à une reconnaissance en tant que tel.
Quitte à énerver beaucoup de fervents partisans de ce courant, j’aimerais tout de même développer quelques points de réflexion sur l’ambiguïté de cette situation.
Etre « reconnu »… par qui ?
Soyons bien clair : je suis absolument et complètement « pour » l’introduction du Reiki dans les hôpitaux, les institutions et tous les autres endroits où il peut, d’une manière ou d’une autre, être utile et faire du bien.
Je me permets en revanche d’émettre quelques réserves quand au fait que tout praticien de Reiki soit systématiquement « reconnu » par les assurances. Et je précise tout de suite que ce n’est pas par aigreur personnelle : j’ai en effet ce privilège d’être « reconnue » mais – pour des raisons que j’expose plus loin – à de très rares exceptions près, je n’en fais guère « profiter » les personnes qui viennent recevoir de tels soins.
Reprenons. Il arrive que des personnes, désireuses de se faire initier au Reiki, me contactent et me demandent d’emblée si je suis « reconnue », et si par conséquent le fait de se faire initier chez moi leur vaudra automatiquement le même statut. Et ce avant même d’être venues recevoir une séance ou boire un thé, histoire de voir ou plutôt de sentir si le courant passe entre nous !!!
Ce premier constat me laisse songeuse. Et vous ?
Situation économique toujours : nous sommes, et heureusement, de plus en plus nombreux à pratiquer le Reiki. Certains font le choix d’en vivre. S’ils y arrivent parce que telle est leur voie, qu’ils le font avec éthique et modestie, c’est évidemment parfait.
Lorsque ce n’est pas le cas en revanche, ils sont les premiers à militer en faveur de la reconnaissance de tels traitements par les assurances. Il est en effet bien plus facile de remplir son agenda de rendez-vous lorsque les patients sont remboursés, et qu’ils n’ont pas grand-chose à perdre, que s’ils doivent payer de leur poche.
Ce qui amène tout naturellement à une autre interrogation : le fait d’être des praticiens de Reiki fait-il ne nous des thérapeutes ? Osons la question : combien d’entre-nous réussiraient un examen, même élémentaire, d’anatomie ?
Ok, je sais que je ne vais pas me faire que des amis en écrivant ces lignes, mais enfin, regardons les choses en face !
L’art et le sacré
Enfin, et c’est probablement le plus important, le Reiki peut-il être considéré comme une thérapie, juste comme une thérapie ?
Le rôle de l’assurance (ou de la sécurité sociale) est de permettre à chacun de recevoir les soins appropriés en cas de maladie. Dans une société idéale, on pourrait en effet rêver à la gratuité de tous les soins qui apportent bien-être ou mieux-être. Seulement voilà, notre société est loin d’être idéale. Dans ce cas n’avons-nous pas aussi, en plus de quelques droits, la responsabilité, lorsque nous le pouvons, d’y mettre un peu du nôtre pour l’améliorer ?
Responsabilité, le mot est lâché… Responsabilité de la part du praticien, mais aussi du receveur.
Argument typique des personnes en faveur du remboursement des soins de Reiki : « tout le monde ne peut pas s’offrir ce luxe ».
Contre argument : je pense sincèrement que presque tout le monde peut, s’il le souhaite vraiment, s’offrir une séance de Reiki, et en plus avec le praticien de son choix. Idem pour les 4 séances de base, avec prix préférentiel, lorsque la personne veut mettre en route un processus d’auto-guérison. Et si vraiment la personne a de l’intérêt pour le Reiki et de gros problèmes financiers, je pense que le praticien de Reiki a la générosité d’offrir de tels soins. Si l’on considère que le Reiki est un art, on peut facilement englober cette manière de faire dans sa pratique, non ?
Ensuite…
Si quelqu’un est touché par le Reiki, il peut facilement se faire initier : les prix sont normalement accessibles, et des arrangements sont toujours possibles. Il bénéficie ensuite d’un réseau de partenaires de Reiki avec lesquels il peut faire des échanges qui ne lui coûteront pas un centime. Et il peut venir une fois par mois aux rencontres, et recevoir du Reiki de plusieurs personnes à la fois, avec à disposition toute l’énergie de guérison que nous connaissons.
Je ne suis donc pas du tout certaine que le remboursement de tels soins aille dans le sens d’une responsabilisation du receveur par rapport à sa santé. Ni d’ailleurs qu’il en soit réellement le premier bénéficiaire…
En résumé, le Reiki est, nous le savons tous, beaucoup plus qu’une « technique » : le réduire à cela reviendrait à l’enfermer dans un système, avec le risque de passer à côté même de son essence.
Bien que des raisons économiques puissent laisser penser le contraire, n’a-t-il pas tout à y gagner à rester libre, c’est-à-dire accessible à toute personne qui le désire, mais en étant considéré comme un choix, et non comme un dû ?
Sans oublier que le Reiki peut se comprendre à différents niveaux, extérieurs mais aussi intérieurs, l’un d’eux allant jusqu’à la méditation. Or, qui aurait l’idée de vouloir se faire rembourser le temps passé à méditer ?
Nous avons reçu ce merveilleux cadeau de rencontrer le Reiki. Il nous accompagnera, si nous le souhaitons, pendant toute notre existence. Ne vaudrait-il pas mieux passer son temps à apprécier et à laisser fleurir ce bien inestimable dans notre cœur et dans notre vie, en ayant confiance qu’il saura bien toucher celles et ceux qui en ont le désir où qu’ils se trouvent et indépendamment de leur situation financière, plutôt que de passer une énergie considérable à essayer d’en tirer un profit finalement très relatif ?
Véronique Desarzens
Enseignante de Reiki
CH – 1043 Sugnens
Mail : le.dauphin@bluewin.ch