Réflexion autour du Pardon…
Peut-on vraiment tout pardonner ?
– par Véronique Desarzens –
En théorie, tout est facile. Et c’est fou les progrès que l’on peut parfois faire rien qu’en un ou deux cours de développement personnel. On rentre chez soi en se sentant bien plus léger, le cœur réjoui. La vie continue, mais notre perception a changé : quel délice de se laisser griser par une toute nouvelle sensation de bien-être quelques semaines, quelques mois…
Oui, mais voilà : si on avait tout compris, il y a fort à parier que l’on ne serait plus là. Et la vie, cette vie si merveilleuse qui sait aussi parfois se montrer cruelle, se charge bien de nous le rappeler. Pas de doute, c’est l’heure de faire un nouveau ménage !
Je me rappelle, lors de ma première initiation au Reiki, il y a plus de 20 ans, en même temps que je sentais quelque chose en moi s’ouvrir et se dilater, m’être posé cette question : « y a-t-il quelqu’un, parmi les personnes que je connais, à qui je ne pourrais pas donner du Reiki ? ». Consternation : deux visages sont immédiatement apparus… deux personnes auxquelles je n’avais manifestement pas pardonné. Depuis des années. Ô la douleur ! Qu’à cela ne tienne, j’allais désormais m’y appliquer…
Les poisons émotionnels ? Au moins aussi mauvais que les autres …
Vous le savez tous aussi bien que moi, après chaque cours ou soirée de Reiki, on rentre chez soi avec le doux sentiment (ou la douce illusion) d’être meilleur.
C’est donc très naturellement que pendant plusieurs années je faisais chaque soir mon examen de conscience. Je disais – et je le dis encore – mentalement « Merci » aux personnes croisées, rencontrées, lues ou entendues pendant la journée, mais je demandais aussi « Pardon » à celles que j’aurais pu blesser par une réaction trop spontanée, une parole un peu vive, une marque d’impatience, une maladresse, un manque de gentillesse…
Le profil même de la « bonne fille » se moquaient d’ailleurs certain(e)s ! Peut-être, mais cela avait au moins le mérite d’être sincère. Moyennant quoi, je me sentais assez en ordre, avec moi-même et avec les autres. Pour un temps du moins.
Et les deux personnes auxquelles je n’aurais pas pu faire de Reiki ? Sans importance, dans la mesure où de toute manière je n’étais pas appelée à les revoir ? Pas si simple. Régulièrement je regardais où j’en étais et, je l’avoue, je n’avais guère avancé. J’arrivais tout au plus à mieux cerner les différents sentiments liés à ces personnes, mais leur pardonner… point encore !
La première avait éveillé en moi de grandes peurs, qui confinaient même à la terreur.
Et ce n’est qu’après son départ physique que je suis parvenue à une compréhension plus large de toute notre affaire, à accepter ce qui avait été, et à lui pardonner.
Quant à la seconde, j’étais arrivée au fil des années à la conclusion que, si idéaliste que l’on puisse être, ce n’était pas une obligation absolue d’être capable de transmettre du Reiki à tout le monde ! Comme elle ne faisait pas partie de mon paysage visuel, je me suis contentée de « l’oublier ».
Et la vie a continué…
Un livre ami bouleversant !
Jusqu’au jour de la rencontre avec « Le don du pardon », d’Olivier Clerc. Je suivais alors un chemin toltèque et ce livre ne pouvait que m’intéresser. Mais j’étais loin, très loin de m’imaginer à quel point ! Une fois que je l’ai eu entre les mains et que j’ai lu les premières pages, je ne l’ai plus lâché… jusqu’à la dernière. Il y avait urgence ! Ceux qui ont lu ce magnifique témoignage comprendront pourquoi et je ne peux que conseiller aux autres de dévorer ce petit livre ! Olivier Clerc nous y fait le récit de sa propre rencontre avec Don Miguel d’abord, puis avec ce rituel, le don du pardon, véritable cadeau toltèque de Don Miguel Ruiz.
Ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler ici en quoi il consiste… à vous de le découvrir sous la plume de l’auteur, et surtout de le vivre ! Pour moi ce partage s’est révélé aussi surprenant que poignant. Oui, une véritable révélation !
Et j’ai découvert du même coup que côté pardon, j’avais encore un sacré boulot !
Je m’y suis donc mise sans tarder, allant ainsi, en pratiquant ce fameux rituel, de découvertes en surprises. Et savourant au passage, moyennant souvent quelques émotions et parfois quelques larmes, l’évidente remise en circulation d’énergies bloquées.
Pour ceux qui ont lu le livre, j’ai procédé par cercles : d’abord bien sûr toutes les personnes avec lesquelles il y avait eu une évidente discorde, puis les membres de la famille, puis les amis, les amoureux, les copines, les différents enseignants, les collègues, les voisins… À refaire, bien sûr, à volonté ! C’était trop bien, ça y est, merci Olivier Clerc, j’avais la clé !!!
Oui, mais…
Entre Reiki et surtout douche de Reiki en guise de « cleaning », méditation, mise en pratique autant que j’en étais capable des accords toltèques, rituel du pardon et quelques autres outils, je sentais vraiment de plus en plus d’espace dans mon cœur, dans ma vie.
Jusqu’à l’an passé où, suite au décès d’un être très cher dans des circonstances particulièrement tristes, colère, ressentiment, révolte, rage ont fait leur réapparition en force. Le personnage auquel je n’aurais pas pu faire de Reiki avait ressurgi. En fait, il n’était jamais sorti du décor. Disons seulement qu’il avait été possible pour moi de l’ignorer. Et du coup, il était là, en lien direct avec cet événement qui me touchait de si près.
On a beau savoir que tout continue, dans un plan plus subtil, l’heure de la séparation n’est pas toujours plus facile pour autant. Faire le deuil d’un père tout en se débattant parallèlement avec des sentiments de colère, de violence, de rancune contre un homme qui avait précisément brisé la vie du père, c’est tout sauf confortable. J’avais beau me dire « il est temps de relire et de pratiquer le Don du Pardon », et me ressasser en boucle « n’en fais pas une affaire personnelle », c’était exactement comme il y a 20 ans à l’idée de transmettre du Reiki à cet homme : impossible, trop pour moi !
Cet homme avait autrefois touché non seulement à mon intégrité physique, mais surtout à mon innocence, à ma confiance dans le monde adulte, ainsi qu’en ceux qui étaient censés veiller sur moi, à mon estime de moi, bref… je lui dois tant de marques de l’enfance douloureuses, telles que nous sommes si nombreux, et plus encore nombreuses, à traîner.
Pendant plus de 40 ans, je ne m’étais autorisée que deux choix : ne pas penser à lui, ou alors gérer toute la violence que sa seule évocation suscitait en moi. Dans les deux cas, quelle immense perte d’énergie ! Sans parler de la culpabilité de ressentir de tels sentiments…
Bientôt la guérison du cœur ?
Tout cela a ressurgi il y a peu, décuplé par la peine. Désormais, plus possible de louvoyer : plus je m’efforçais de vouloir laisser cette rage de côté, plus elle prenait de place. Un bon sujet pour s’exercer au pardon, n’est-ce pas ?
Tout ce que je savais, que j’avais appris, tout ce à quoi je m’exerçais régulièrement et avec enthousiasme, convaincue que la seule clé pour que le monde change est de commencer par soi, tout cela se cassait lamentablement la figure face à cette révolte, cette douleur. Je pouvais bien essayer de me faire croire ce que je voulais : je n’arrivais pas à pardonner. Et, inutile sans doute de le préciser, ma joie de vivre s’en est très méchamment ressentie…
Il allait falloir, une nouvelle fois, remettre l’ouvrage sur le métier.
Clin d’œil de la vie… c’est alors qu’Olivier Clerc annonce la prochaine parution de « Peut-on tout pardonner ? » ! Le voilà, l’outil qui allait m’aider à me glisser, mais en conscience cette fois, dans cette histoire. J’attendais d’ailleurs ce livre avec une telle impatience que chaque fois que j’y pensais, il me semblait bien que le titre en était « Peut-on vraiment tout pardonner » !
Olivier, qui a créé et anime depuis quelques années les fameux Cercles du Pardon, a précisément écrit ce livre en guise de réponse à cette grande question, si souvent posée. Une réponse qui nous amène d’ailleurs à d’autres interrogations, précises et pertinentes, indispensables sur le cheminement de la guérison du cœur.
Il y a de nombreuses manières d’arriver au pardon, et c’est à chacun de trouver les siennes. Côté aides extérieures, le rituel de 21 jours avec le Reiki et/ou les élixirs floraux, ou encore l’EFT me plaisent particulièrement. Entre témoignages et suggestions, ce livre propose pour sa part de nombreuses pistes.
Il peut être utile aussi de comprendre les obstacles qui empêchent de pardonner : l’auteur en passe une quinzaine en revue, c’est très intéressant.
Après le « cadeau toltèque », celui que nous fait Olivier Clerc ici, c’est de nous inviter à voir comment, très souvent, notre vision est tout simplement déformée. Nous le savons, mais lorsque l’on chemine entre ses pages cela se ressent vraiment comme une évidence : pardonner ne relève pas d’une action, mais beaucoup plus d’une acceptation…
Encore s’agit-il, bien sûr, de faire passer tout cela de la conception intellectuelle au ressenti.
Pour ma part, c’est maintenant une évidence : je dépose le fardeau du ressentiment, je choisis de tourner – enfin – la page. Cette fois le processus est en route… Pas pour cet homme, pour moi ! Je reprends peu à peu de toute cette énergie gaspillée, qui était bloquée dans mon incapacité à lui pardonner. Et vous savez quoi ? La joie revient…
Véronique Desarzens
Véronique est journaliste, rédactrice et enseignante de Reiki, en Suisse. Vous pouvez aussi la retrouver sur son blog plaisir : www.lesjardinsdalice.ch ou par mail : le.dauphin@bluewin.ch