– par Aurélie POTTIER et Aurélie SCHNORR –
Article réalisé dans le cadre de la soutenance orale du mémoire de fin d’étude en vu de l’obtention du diplôme de sage-femme. Promotion 2005-2009, Institut Ste Julienne-Helmo, Liège, Belgique. –
C’est à partir de différentes expériences personnelles et professionnelles vécues ensemble et séparément, que nous avons toutes les deux voulu aller plus loin dans notre interrogation quant à l’accompagnement et la gestion de la douleur de la femme en travail en salle de naissance.
Par le biais de ce mémoire, nous avons voulu, à partir d’une réalité, remettre en question les bases présupposées du phénomène actuel qui est celui de considérer l’anesthésie péridurale comme unique moyen de pallier la douleur lors du travail. En effet, son utilisation s’est banalisée à tel point que dans la plupart des services elle est pratiquée à plus de 90%.
Pendant ces 4 années de formation certaines situations de stage nous ont confirmé la difficulté réelle de mise en place de moyens autres que la péridurale pour soulager les douleurs d’une femme en travail.
Nous sommes intimement persuadées que le Reiki, méthode de relaxation profonde par imposition délicate des mains sur le corps, peut être tout aussi valable au même titre que la sophrologie, l’haptonomie, le yoga, l’acuponcture, l’aromathérapie, la massothérapie, l’hypnose, le chant prénatal, les bains flottants…dans un domaine comme celui de l’obstétrique.
Le thème de notre mémoire fut complètement novateur, d’autant plus pour notre profession de sage-femme. Il entre dans la démarche du souci dubien-être de la femme en travail et de celui d’une approche différente de la prise en chargeen matière d’obstétrique. Il nous parait important d’améliorer notre travail dans le sens de l’autonomie et de la confiance des mères.
Nous nous sommes basées, tout le long de la démarche pratique, sur la problématique suivante : « En quoi l’énergie curative du Reiki peut-elle représenter une alternative à toutes autres formes de techniques visant à lutter contre la douleur chez la femme en travail ? »
La douleur est une expérience solitaire, une épreuve singulière, tout comme peut l’être un accouchement. La douleur de l’accouchement reste une des plus grandes sources d’angoisses et d’appréhensions des futures mères. Toute la spécificité du travail de la sage-femme réside dans le cœur même de la notion d’accompagnement des femmes.
Il existe aujourd’hui des moyens simples et efficaces : le Reiki peut faire partie d’un de ses moyens.
Notre travail sur le terrain
Nous avons choisi de travailler uniquement avec les femmes ne bénéficiant pas d’anesthésie péridurale. Tout professionnel de la santé pouvant collaborer au travail, de par leurs connaissances et leurs pratiques, ont participé et en ont tiré leurs conclusions personnelles.
Nous avons principalement travaillé en salle de naissance en Inde, dans la ville de Pune (état du Maharastra). En effet le Reiki y est considéré plus comme une philosophie de vie et fait donc partie des pratiques quotidiennes de la population indienne (comme la méditation).
Nous avons utilisés différents outils dont une brochure informative expliquant très simplement la notion de Reiki. Nous remettions un questionnaire aux mamans après l’accouchement afin de recueillir leurs avis quant à l’utilité du Reiki en salle de naissance. Nous avions également mis en place un questionnaire destiné aux professionnels de la santé permettant de percevoir l’intérêt qu’ils portent sur l’introduction de pratiques telles que les soins Reiki dans un service d’obstétrique.
Concrètement nous avons évalué la douleur des parturientes à l’aide de l’Echelle Visuelle Analogique (EVA) avant un soin Reiki et après celui-ci. Dans le but d’assurer un suivi de qualité nous avons créé des tableaux de suivi de soins personnalisés afin de visualiser au mieux les besoins de la parturiente.
Résultats et analyse de l’étude
Au total nous avons suivis 32 mamans et avons travaillé avec 45 professionnels de la santé (gynécologues, infirmières, pédiatres, anesthésistes…)
Nous avons pu remarquer que les femmes partant d’une douleur très élevée (évaluée à 7, 8, 9, 10 sur l’EVA) avant le soin ont nécessité d’un second soin afin de se sentir vraiment soulagé. C’est comme si elles avaient dû passer par un seuil intermédiaire. Nous n’avons jamais eu recours à un 3 ème soin car celles-ci avaient accouché ! Nous pensons que les soins Reiki ont participé à un travail plus rapide.
Les parturientes évaluant leur douleur de départ à un niveau plus bas (≤ à 6 sur l’EVA), ont été en général très vite soulagées. Pour celles-ci un soin unique a été suffisant.
Nos mamans ont été soulagées mais la douleur n’a jamais entièrement disparu. Elles ne la considéraient plus comme responsable de leur souffrance, mais en parlaient plus comme une gêne supportable, nécessaire au processus physiologique de l’accouchement.
Les apports supplémentaires des soins
Avant un soin Reiki , les parturientes nous disaient se sentir majoritairement fatiguées, angoissées et stressées. Après le soin , presque toutes les mamans nous ont fait part de leur état de détente. D’après elles, le Reiki a su être une réelle présence, un guide afin de mieux se sentir dans leur corps.
Les patientes nous ont affirmées avoir été beaucoup plus impliquées dans leur travail et dans la naissance de leur enfant :
la respiration a été plus efficace, s’est régularisée, ce qui a permis aux mamans de mieux gérer leur douleur. En effet, de part ses mécanismes d’action, le Reiki aide la parturiente à percevoir sa douleur de manière différente, et part ce biais, lui permet de retrouver sa capacité de choisir, de se concentrer sur un autre besoin, comme celui d’être actrice de la naissance de son enfant. La relaxation que le Reiki induit permet à la personne de détourner son attention de la douleur pour la remplacer par une sensation plus agréable. De cette façon, elle reprogramme son comportement pour diminuer la douleur présente.
Ainsi le Reiki peut aider à contrôler le désagrément et l’intensité de la douleur. La diminution de l’anxiété, de la peur de la douleur, l’augmentation de la confiance en soi et du sentiment de sécurité vont agir en diminuant la sensation douloureuse.
Les professionnels ont reconnu que le Reiki peut constituer une alternative, voir un moyen supplémentaire et réellement efficace. C’est en s’entretenant avec eux, qu’ils soient européens ou indiens, que nous avons découvert que le système de soin Reiki intéresse.
Aujourd’hui nous pensons que l’utilisation du Reiki peut être tout aussi efficace dans d’autres domaines tels que :
Dans le cadre de préparations à la naissance (initier le papa…), au cours du travail (agir sur la dilatation du col, le degré d’engagement), dans les suites de couches (favoriser l’allaitement, prévention des dépressions du post-partum, favoriser le lien d’attachement mère-père-enfant…), dans le cas d’enfants hospitalisés en néonatologie (meilleur rétablissement de l’enfant, proximité plus importante avec les parents), dans l’accompagnement au deuil périnatal (mort fœtale intra utérine, fausses couches)…
Par l’intermédiaire de cette étude, les soins Reiki peuvent dorénavant présenter une nouvelle approche en salle de naissance dans le traitement de la douleur…et peut-être bien plus encore dans un avenir proche.