Le Reiki et l’enfant adopté
– par Nicolas Quantin –
Les nouveaux débuts sont souvent déguisés en douloureuses fins (Lao Tzu)
Quelle chance finalement de pouvoir affirmer cela !
Toute cette histoire a commencé après une séparation. Mon ex-compagne et moi étions très fusionnels, jusqu’à ce que la maladie nous ramène à la réalité. D’un amour fusionnel s’en est suivi un amour inconditionnel. Et de l’amour inconditionnel s’en est suivi la séparation.
C’est avec beaucoup d’amour-propre qu’après cette séparation, j’ai décidé de prendre ma liste de « trucs à faire », de sortir de ma zone de confort et de tenter une expérience inédite. Cette expérience, peu de temps encore avant la séparation, ne m’intéressait pas du tout. Ou plutôt elle me faisait peur et je ne voulais pas l’admettre ; cas classique de la peur d’échouer. Pourtant quelque chose en moi me disait que, me sentant sans armes et ne voulant pas commettre les mêmes erreurs, elle serait d’une absolue nécessité pour rebondir.
Je m’appelle Nicolas. Mais j’ai d’abord eu un nom et un prénom Asiatique. Je suis né en Corée du Sud en 1980 et j’ai été adopté.
L’adoption est quelque chose bien plus complexe qu’il n’y paraît, pour les parents comme pour les enfants, complexe d’autant plus que tout le monde ne vivra pas cette situation ni ne pourra la comprendre. L’enfant adopté a toujours au fond de lui un sentiment violent d’abandon. Qu’on l’admette ou non et peu importe les termes employés, il en est ainsi. Tout est calme en apparence tant que l’enfant adopté ne prend pas conscience de son statut si particulier. Mais une fois la prise de conscience venue, on devient obnubilé par cette dernière, peut-être pas autant que Saroo dans le film « Lion », mais c’est quand même un sacré foutoir dans la tête.
J’ai passé mon enfance entouré d’amour. Aussi bienveillantes que furent ma famille et l’éducation que j’ai reçue, le manque de connaissances de mes origines a toujours existé. Il s’est manifesté plus significativement à mes 24 ans, après la disparition de mon Père. C’est comme vouloir construire sa vie sur des sables mouvants. En ce qui me concerne, ce manque s’est manifesté par de la colère et de l’isolement. Depuis tout petit, j’ai passé énormément de temps seul, dans ma bulle de protection, à observer les adultes dont le comportement très souvent me décevait, ou à regarder les enfants de mon âge jouer à des jeux que je trouvais puérils. Bien que les choses aient changées depuis, ce besoin de solitude est toujours présent ; en fait il est probablement propre à chacun de nous et nos autotraitements en sont la preuve.
S’il est un leg que mon ex-compagne m’a donné, c’est le Reiki. Elle-même fut initiée par Nita dans les années 2000. Après avoir entrepris ma démarche de recherche de ma famille biologique en Corée et y avoir effectué mon premier voyage magique mais sans retrouvaille, j’ai donc repris ma liste à mon retour et je me suis inscrit à un stage de premier degré à Paris. C’était le bon moment.
Ce week-end s’est avéré comme une révélation, avec comme point d’orgue les 5 Idéaux dans lesquels je me suis pleinement identifié, parce que j’avais la nette impression qu’ils reflétaient l’attitude que j’avais choisi d’adopter depuis ma séparation. Carole Morice – que j’ai rencontrée pendant le stage – et moi avons aussi bien discuté. Elle m’a convaincu que le second degré me serait bénéfique, notamment pour les envois de Reiki dans le passé. Je suis rentré le dimanche soir en pleine forme, avec un grand sourire et avec la sensation que j’avais trouvé ma voie.
Envoyer du Reiki dans le passé en attendant le jour de la rencontre avec ma famille d’origine, voilà qui me semblait une solution évidente pour me préparer à ce moment très spécial.
Une fois le stage de second degré effectué et ayant ensuite travaillé avec les symboles pendant l’auto-traitement version « de luxe », j’ai débuté mes séances de Reiki dans le passé, d’une manière assidue, sans aucun jour de pause, sans cristal de quartz, à raison de 10 minutes par jour.
Plus les semaines passaient, plus les révélations bienveillantes se manifestaient. Je tiens à dire bienveillantes car vraiment, il n’y a eu aucun traumatisme. Quand vint la semaine d’envoi de Reiki pour la période allant de ma naissance à mes 6 mois, celle où je me suis retrouvé à la maison d’adoption, je n’ai pas eu la sensation d’abandon ; au contraire j’ai ressenti l’amour de mes parents en France qui m’attendaient déjà. Alors je n’avais plus peur, plus de doutes, juste une foi inébranlable que j’étais sur le bon chemin.
Finalement tout le processus du Reiki dans le passé m’a apporté son lot de révélations, même les plus petits détails que j’avais fini par occulter de ma mémoire. Une des choses surprenantes par exemple est que je faisais souvent des rêves où je me faisais étrangler, des rêves désagréables dans lesquels parfois sortaient de mon corps des gémissements de douleurs (je me suis enregistré une fois, c’était assez effrayant). Un jour, après un envoi de Reiki, il m’est revenu à l’esprit que pendant mon enfance, alors que j’étais encore élève de maternelle, lors de la récréation un enfant plus âgé et moi-même nous sommes chamaillés et ce dernier m’avait apposé un geste de strangulation. Et ce qui m’a marqué plus que tout ce jour là, c’est que, quand je suis allé le dire à ma mère alors qu’elle discutait avec la mère de ce garçon (lui aussi adopté), elles m’ont toutes les deux répondu « Il t’a étranglé ? Oh non, ce n’est pas possible ». J’en aurais long à dire sur ce genre de comportement mais là n’est pas la question, et le fait est que depuis cette prise de conscience, ce genre de rêve à totalement disparu.
Au début de l’année 2017, un jour presque comme un autre, j’ai téléphoné à ma mère pour lui dire que mon deuxième voyage en Corée n’était uniquement qu’à but touristique : je pensais avoir fait tout ce que je pouvais en matière de recherche et que la balle était dorénavant dans le camp de ma famille biologique. Je ne voulais pas forcer les choses. Je voulais que les retrouvailles soient le plus naturel possible. Je savais au fond de moi qu’une rencontre aurait lieu ; cependant je ne pensais pas que c’était le moment, je pensais ne pas avoir encore suffisamment lâché prise. Il n’était pas question de temps, mais bien de lâcher prise avec le Reiki.
Vous le croirez ou non, mais six heures plus tard, un e-mail du service post adoption service center de Séoul est arrivé dans ma boîte mail en me disant que ma mère biologique avait répondu à ma demande. La seule chose que j’ai réussi à faire après avoir lu et relu ce message en long, en large et en travers, a été de… fumer 3 cigarettes à la suite.
La rencontre a eu lieu peu de temps après. En plus d’avoir eu lieu, elle s’est merveilleusement bien passée.
Elle s’est merveilleusement bien passée parce que j’étais prêt.
Elle s’est merveilleusement bien passée parce que j’avais effectué avant un travail nécessaire sur moi.
Elle s’est merveilleusement bien passée parce que les vides émotionnels avaient été bouchés pendant les séances de Reiki dans le passé ; ainsi j’étais prêt à entendre n’importe quelle vérité. Et cette vérité n’a pas été facile à admettre, elle est même chaotique, en dehors de tout ce que j’aurais pu imaginer, mais c’est ma vérité, c’est ma vie, mon histoire et j’en suis fier. J’avais enfin des explications. Et que dire de la sensation de découvrir le visage de celle qui vous a donné la vie…
Reste qu’il fallait ensuite, à mon retour de voyage, prendre du recul rapidement. Conscient que ma vie ne serait plus jamais la même, je devais apprendre à me situer par rapport à tout cela.
Où était ma place maintenant dans cette nouvelle famille en Corée qui m’a si chaleureusement ouvert les bras ? Que ressentais-je pour ma mère biologique que je ne considère pas comme ma mère ? Et comment ne pas non plus culpabiliser, la sachant dépressive après mon retour vers Paris…
J’avais fait, avant mon départ pour la Corée, un travail extraordinaire en France avec ma mère et ma sœur mais il y eu quand même une énorme onde de choc dans mon entourage ; rien d’étonnant à cela.
Je ne me suis jamais senti autant Français qu’après être rentré de ce voyage. Normalement, quand je pars en voyage, je n’ai jamais envie de rentrer. Pourtant cette fois-ci, après les retrouvailles, je n’avais qu’une seule envie, celle de retrouver mon pays, ma compagne qui est aujourd’hui ma femme, mon chien taré, mon appartement… J’avais aussi hâte de reprendre mes auto-traitements que je n’avais pas pratiqués depuis quasiment 3 semaines.
Un mois plus tard, pendant un stage en invité de troisième degré, Nita avait affirmé que le rôle du symbole de maître était de trouver sa place divine dans l’univers.
Et j’avoue qu’il a bien fallu ce stage de troisième degré ainsi que le symbole de maître pour enfin commencer à trouver ma place. J’y travaille tous les jours et le Reiki m’aide à faire cela sereinement. Libéré d’un poids énorme, mes auto-traitements (de maître enseignant, aujourd’hui) me révèlent maintenant d’autres aspects ou facultés en moi que j’ignorais, ou dont je ne me sentais pas capable. Tout ce processus n’est pas terminé. Ce n’est qu’un début. De même, je garde de très bonnes relations avec ma famille Coréenne, ma mère biologique va très bien, nous allons tous nous revoir.
Aujourd’hui je suis maître Reiki. Conscient du chemin que j’ai parcouru avec l’énergie, je garde mon libre arbitre, je continue à apprendre, à relever de nouveaux défis et il est temps maintenant que j’en fasse profiter les autres. Est-ce que la rencontre avec ma famille biologique sans le Reiki se serait passée différemment ? Est-ce bien le Reiki qui est à l’origine de tout ce bien-être ? Je ne pourrais l’affirmer à cent pour cent mais j’ai ma petite idée : sans le Reiki, les choses se seraient forcément passées différemment, je ne sais pas comment, mais tout cela aurait été différent.
Écrire cette lettre, c’est comme une reconnaissance, une grande gratitude envers le Reiki, Nita et bien d’autres personnes de tous horizons. Grâce au Reiki et aux retrouvailles, je suis un homme bien meilleur qu’hier (et moins bien que demain !). En tout cas je suis heureux. Ecrire cette lettre, c’est aussi un appel pour dire à celles et ceux qui sont dans ma situation, à ceux qui connaissent quelqu’un dans ma situation, enfants ou parents, qu’il ne faut pas avoir peur. Effectuer ses recherches en vue de retrouver sa famille d’origine, c’est vouloir se connaître soi-même, devenir la meilleure version de soi-même, en aucun cas chercher à remplacer sa famille ou pire, de sanctionner sa famille adoptive. Si l’on parle d’amour inconditionnel, alors n’importe quel parent doit comprendre que chaque enfant doit vivre sa vie, ses expériences et surtout leur souhaiter le bonheur, pour le plus grand bien de tous, en harmonie avec l’univers.
Nicolas Quantin
Maître Reiki Usui Tibet/Teate