Alphonse de Lamartine, dans ses harmonies poétiques, s’interroge ainsi : « objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? » Évoquer ce vers célèbre suscite bien des questionnements qui peuvent interpeler le pratiquant de Reiki.
Existe-t-il des objets inanimés ? En allant des particules les plus élémentaires jusqu’aux galaxies, la science physique nous décrit que tous ces objets sont animés de mouvements, que nous pouvons parfois assimiler à des mouvements d’être. Nous avons l’impression qu’ils sont parfois inanimés du fait que leur animation n’est pas perceptible à la lumière de nos organes des sens, ou des instruments de mesure sophistiqués bâtis sur les mêmes principes de fonctionnement.
Quelle représentation avons-nous de l’âme ? Les définitions, souvent données pour l’âme, vont dans le sens d’un principe vital ou spirituel, immanent ou transcendant, qui animerait le corps d’un être vivant (humain, animal ou végétal…). Pouvons-nous considérer que toutes les existences, depuis les particules élémentaires jusqu’aux systèmes les plus complexes (constellations, galaxies…), sont des êtres vivants ? La plupart des traditions dites ésotériques placent l’âme dans un espace intermédiaire entre l’esprit et la forme manifestée et tangible, sorte de lien entre l’esprit et la matière qui devient, de ce fait, animée.
Existe-t-il un langage de l’âme qui nous interpelle comme le poète semble le suggérer ? Sri Aurobindo disait que la poésie était le langage capable de transmettre dans l’association des mots la profondeur et la transcendance des corps plus subtils de l’être humain, comme l’âme. L’âme nous touche-t-elle par sa beauté qui transparaît dans une œuvre, qu’un sens artistique nous révèle mieux que toute autre forme d’expression ? La beauté d’un poème, d’une œuvre picturale, d’une sculpture, d’une musique, nous ravit et crée les conditions propices à une exaltation qui dépasse même la subtilité de nos sens, en nous donnant une impression totale de vérité et de connaissance. Alors, le langage de l’âme suppose-t-il une reconnaissance par des chemins tout autres que ceux que notre intellect utilise habituellement, et comment s’y entraîner ?
La pratique du Reiki nous a confrontés à la mise en mouvement d’une énergie que, malgré nos meilleures tentatives de qualification, nous avons échoué à cerner dans des mots. Et pourtant, l’expérience a prouvé que nous pouvions nous en approcher et devenir vecteur pour contribuer à créer les conditions d’un bien-être. Dans cette expérience, l’être dans sa totalité participe et subjugue tous nos niveaux de personnalité en les intégrant parfaitement. La pratique du Reiki nous a immergés dans un langage subtil qui, parfois sans nous en rendre compte, nous a imprégnés de sa musique et d’un enveloppement discret et cependant très présent.
Comme dans la pratique du Reiki, il nous faut nous mettre dans les conditions de quiescence pour percevoir toute circulation d’énergie subtile et permettre à tous nos éléments qualifiés d’être dans la résonance et l’identification convenables. Est-ce simple ? Seulement dans le sens où c’est direct et sans intermédiaire. Il faut accepter d’aller dans un domaine sans référence pour s’en faire de nouvelles et de donner l’élan à la création des éléments indispensables à la conscience de ces références. C’est sans doute la première condition pour se familiariser avec le langage d’âme.
Le langage d’âme est-il universel ? Et, par exemple, un arbre parle-t-il le même langage d’âme qu’un homme ? Le langage d’âme d’un arbre a des caractéristiques qui lui sont propres, comme le langage d’âme d’un être humain a aussi des caractéristiques particulières. Cependant, il est logique de penser qu’ils s’accordent dans un domaine plus vaste du langage. De la même façon qui nous fait dire que notre pratique de la mise en jeu du Reiki s’identifie dans une énergie que l’on qualifie d’universelle. Comme nous avons été initié à la pratique du Reiki et que nous nous sommes entraînés à cette pratique, il pourrait sembler utile de s’entraîner à comprendre et à pratiquer le langage d’âme. L’initiation au langage d’âme ne dépend que de nous et d’une attention bien dirigée vers ce niveau subtil qui nous constitue. Apprendre à le reconnaître en soi et autour de soi se fonde sur une observation mise en éveil de façon permanente. En plus, cela va nous entraîner vers la transcendance de nos organes des sens et la création de nouvelles voies d’information, nécessitant une attention soutenue.
Connaître le langage d’âme a-t-il un sens ? Si l’on considère que l’âme est le niveau spirituel qui, en premier, coordonne l’information de l’esprit pour la personnalité, il est possible de comprendre tout l’intérêt que représente sa compréhension pour être en harmonie avec le dessein des entités qui nous dépassent et dans lesquelles nous avons la vie. De la même façon, dans notre pratique du Reiki, même si cette magnifique énergie agit de la meilleure manière disponible indépendamment des volontés inférieures, il ne paraît pas superflu d’être informé grâce au langage d’âme du projet du receveur, quelle que soit sa nature.
Grâce à la pratique du Reiki, nous avons fait un grand pas vers une extension de nos connaissances et compétences. Cela nous offre une palette de possibilités dont nous pouvons profiter pour créer un homme mieux adapté dans son environnement cosmique et lui permettre de s’approprier un nouveau langage sur notre planète, dont la compréhension aiderait grandement à établir de justes relations entre toutes les vies qui y résident.
Michel Barrière
Maître Reiki