Guérisseur ou thérapeute ?
– Un dialogue –
Bonjour Nita,
Je re-re-relis Le Legs du Dr Usui et je suis poursuivie, habitée, par des pensées en boucle.
Si nous ne sommes plus des guérisseurs (mot que j’aime), devenons-nous des thérapeutes (mot que je laisse au domaine médical) du bien-être (expression à la mode que je ne supporte plus) ?
Je crois au Reiki, à cette force indéfinissable.
Que s’est-il passé entre le moment où Mikao Usui guérissait à tour de bras et les praticiens/thérapeutes actuels qui pratiquent le bien-être ? Et à qui l’on apprend « si tu guéris, ce n’est pas de mon fait, et si tu ne guéris pas, ce n’est pas de mon fait, non plus. »
Merci de votre compréhension.
Marie-Paule
Merci Marie-Paule pour votre question.
Ces pensées partent d’une version romancée de l’histoire du Reiki !
Il est vrai qu’il est dit que Usui Sensei a pratiqué le Rei-Jutsu avant de mettre au point le Reiki. Cette pratique-là, le Rei-Jutsu, impliquait apparemment un grand travail mental personnel et incluait un aspect concernant la guérison : le Rei-Jutsu-Ka était donc un guérisseur. Cependant, selon les mêmes sources, il n’a jamais excellé dans cet art et c’est probablement pour cette raison aussi qu’il est parti refaire la méditation sur le mont Kurama.
Ensuite, il est dit qu’il aurait donné beaucoup, beaucoup de séances et qu’il a eu beaucoup de succès. Mais, connaissez-vous une seule anecdote sur les guérisons réalisée par Usui Sensei ? A-t-on parlé de telle ou telle personne, ou de telle ou telle maladie qu’il aurait guérie ? À ma connaissance, nous n’avons aucune information à ce sujet.
Alors, a-t-il donc été guérisseur ou pas ? Si on prend le mot anglais healer, on peut probablement affirmer cela jusqu’à un certain point, bien que ce soit discutable.
Et thérapeute ?
Si on regarde l’étymologie du mot thérapeute, il vient du grec ancien θεραπεία, therapeía (« cure ») dérivé de θεραπεύω, therapéuô (« servir, prendre soin de, soigner, traiter »), issu de θεράπων, therápôn (« serviteur »). Mais, attention, sans spécifier clairement que c’était dans un but de guérison, mais plus d’accompagnateur !
Sans fausse modestie et sans aucune hypocrisie, oui, je pense qu’en tant que praticien de Reiki, nous sommes un serviteur = celui qui est au service de quelqu’un d’autre.
Nous servons en plaçant nos mains sur le corps d’une autre personne, ce qui enclenche la circulation de l’énergie Reiki, absorbée par le corps du receveur. Et comme nous le savons si bien, ce qui se passe ensuite ne dépend plus de nous : la personne guérit, tant mieux ; elle ne guérit pas, tant pis (avec tout le respect et toute la compassion). Dans un cas comme dans l’autre, nous n’y pouvons rien.
Je sais combien c’est difficile d’accepter ce rôle qui paraît si peu important, quand notre ego ne veut qu’une chose : briller par tous les moyens !
Pourtant, notre rôle est particulièrement important : sans nous, il n’y a pas de Reiki pour cette personne. Mais ce rôle n’est pas assez pour notre ego parce qu’il sait que la capacité de canaliser l’énergie Reiki, nous ne l’avons pas développée nous-mêmes, par un travail ou par un don exceptionnel, mais qu’elle nous a été octroyée en participant à un stage où nous avons reçu des initiations.
Notre ego voudrait que nous soyons des guérisseurs ou au moins des thérapeutes dans le sens : celui qui soigne des personnes qui guérissent grâce au soignant. Et ce n’est pas le cas, un praticien de Reiki est un canal (ou un robinet !), indispensable, certes, mais un canal quand même. Le praticien de Reiki n’est pas un soignant, n’est pas un guérisseur, il est… un praticien de Reiki.
Et que peut-il se passer ?
A priori, tout praticien fera tout ce qu’il peut pour être un meilleur praticien, avec des meilleurs résultats, avec plus de clients, etc. Peu à peu, deux types de praticien vont se départager naturellement.
L’un, chez qui l’ego prendra le dessus, qui vivra ce qu’il a à vivre.
L’autre va parcourir peu à peu le chemin de développement personnel et spirituel qui inclut l’humilité, le détachement de l’ego de plus en plus et l’intégration réelle de la notion de canal.
Sans même s’en rendre compte, il aura atteint son objectif : il sera un très bon praticien de Reiki !
Autrement dit, un très bon praticien de Reiki est celui qui n’interfère plus avec le processus d’autoguérison de la personne qui reçoit la séance, il ne souhaite plus que la personne guérisse ou qu’elle aille mieux ou qu’elle soit au moins soulagée ; tout ce qu’il souhaite, c’est que le plus grand bien pour cette personne puisse s’accomplir.
À ce niveau de conscience, on est « serviteur » : on sert de canal et rien d’autre.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Vous voulez réagir ? Envoyez vos textes à reikiforum.nita@gmail.com et je me ferai un plaisir de tout lire et rédiger une réponse sous forme d’article pour le numéro suivant.
Nita