En passant par la Bourgogne… avec mon ego
– par Chrystelle Bourdot –
L’article d’Hélène sur l’égo dans la revue précédente m’a beaucoup inspiré et je l’en remercie. J’aimerais rebondir dessus.
Je pratique depuis plusieurs années l’aïkido (une technique de combat japonaise à main nue, au couteau, au bâton ou au sabre, inspirée des Samouraïs), bien avant d’avoir commencé le Reiki. Parce que l’aïkido est tout à fait dans l’esprit Reiki et qu’il y a des points communs avec lui, cet art martial nous aide à comprendre l’attitude face à l’ego que propose Hélène.
Cet art martial est celui de la non résistance ; l’aïkido c’est d’abord une rencontre avec l’individu d’en face (on n’attend pas que l’autre vienne porter une attaque sans bouger ; on va le chercher). A une certaine distance il y a un point de rencontre (un couteau, une main…) avec un contact qui est fluide, non violent et très furtif (en théorie et pour ceux qui maîtrisent vraiment). Puis il y a l’esquive qui utilise des axes, un placement, un angle, un timing, avant une décision : celle de laisser échapper ou de d’arrêter l’attaquant.
Il n’y a pas de compétition possible en aïkido, simplement parce que celui qui porte l’attaque a obligatoirement perdu. D’ailleurs on ne parle pas d’attaquant mais de partenaire.
Celui qui est attaqué contrôle l’attaque, il la gère bien avant qu’elle n’arrive. C’est même lui qui théoriquement mène la danse du début à la fin, car il peut induire (dans une certaine mesure) l’attaque qu’il veut, placer la rencontre où il l’a décidé, et « disparaître » juste avant de revenir pour finir la technique : propulsion du partenaire ou immobilisation, tout en ne faisant qu’un avec lui. L’aïkidoka n’a pas d’ennemi devant lui, mais une personne à qui il convient d’ouvrir la porte ! Quand on est de l’autre côté d’une porte, qu’on l’ouvre à l’exact moment où l’autre se précipite en courant pour l’enfoncer, alors qu’il est presque sur le point de la saisir, que croyez-vous qu’il se passe ? Comme disait Hélène « l’ego n’est pas à combattre », la même chose ici. Elle propose une rencontre avec lui. Ensuite il peut être apprivoisé, maîtrisé et servir notre cause. Il n’est pas un ennemi, mais un partenaire ; quoi qu’on fasse il sera toujours là ; une cohabitation pacifique est nécessaire. Et s’il veut vraiment enfoncer la porte, qu’il le fasse ! Plus il y mettra de l’énergie, plus il se cassera les dents. Peut-être prendra-t-il une manière plus douce pour entrer la prochaine fois.
A mon avis, celui qui combat contre soi-même est dans le bien et le mal, non dans l’unité et l’amour inconditionnel. Il n’est pas dans l’amour entier de lui-même ni dans l’esprit Reiki (qui est une énergie sans dualité).
Dans le livre »Contes et légendes des arts martiaux »*, on voit que la maîtrise suprême de l’art du combat est de gagner sans combattre.
Voici une des histoires de ce livre, en résumé :
Dans une barque, sur un lac, se trouve un maître d’armes qui entend un samouraï prétentieux se vanter de ses exploits sous le regard ébahi des gens. Le maître d’armes n’y prête pas attention, ce qui vexe le samouraï. Ce dernier interpelle le maître qui lui répond qu’il n’a pas besoin d’arme pour le combattre. Le samouraï lui lance alors le défi de venir le combattre. Le maître lui suggère alors d’aller sur une île loin des habitations pour ne pas provoquer d’attroupement. Arrivé sur la berge, le samouraï saute à terre et dégaine son arme. Le maître, lui, sans descendre, saisit la perche du batelier et dégage rapidement la barque avant que le samouraï ne s’en aperçoive, et pousse l’embarcation dans le courant. Puis il se retourne vers le samouraï, qui gesticule sur l’île déserte, pour lui crier : « Tu vois, c’est cela, vaincre sans arme ! »
Enfin, permettez-moi de citer Ueshiba Morihei Sensei, fondateur de l’aïkido :
« Celui qui gagne le secret du Budo**, a l’Univers en lui-même et peut dire : je suis l’Univers. C’est pourquoi, quand quelqu’un essaye de me combattre, il affronte l’Univers lui-même, il doit en rompre l’harmonie. Mais à l’instant où il a la pensée de se mesurer à moi, il est déjà vaincu. »
Chrystelle Bourdot 1.000 cm de Reiki.
(Oups mon égo m’a eu, il a mis un 0 de trop ! 100 cm de Reiki – ça fait 1 mètre – maître).
* Pascal Fauliot ; Ed. Albin Michel
** Art de la guerre