EGO et MENTAL
Peut-on s’en débarrasser ?
– par Patrick Legros –
Un leitmotiv que l’on entend dans les milieux du développement de la conscience est la « lutte » à mener contre les deux ennemis jurés de l’évolution spirituelle, l’ego et le mental. Les méthodes inventées pour ce faire sont aussi multiples qu’inefficaces. Heureusement, de nombreux sages les ont tous deux remis à l’honneur car eux connaissent les bienfaits que l’on peut attendre de ces deux comparses. De nombreux exercices spirituels permettent d’arriver enfin à une coopération cohérente.
C’est un système fonctionnant principalement au niveau du cortex cérébral (un réseau de neurones). Il est apte à prendre des décisions selon des analyses utilisant à la fois des résultats de perceptions auxquels sont attribués pondération, estimation et lissage (voir les travaux sur l’intelligence artificielle). Ce système apprend à organiser les liens entre neurones en fonction des expériences vécues et des résultats constatés (apprentissages). Lorsque l’on parle ici de perceptions, il ne s’agit pas seulement des perceptions sensorielles mais aussi des émotions, des sentiments, bref de tout ce qui constitue la base multi-dimensionnelle qui alimente le mental dans notre être.
Le mental est donc un système calculatoire qui utilise le passé (les expériences et leurs résultats en fonction des données restreintes identifiées par le système) pour ajuster ses réseaux et en créer de nouveaux. Il peut alors proposer des décisions dans le présent avec l’estimation de ce que cela doit produire dans le futur.
Pour se donner une bonne idée des limites de ce système, on peut se remémorer la phrase attribuée à Confucius :
« L’expérience est une lanterne que l’on porte sur le dos et qui n’éclaire jamais que le chemin parcouru. »
On ajoute souvent qu’elle ne peut éclairer le chemin qui reste à faire car nous y projetons notre ombre. C’est là que l’imagination fait son entrée. Einstein a déclaré que pour trouver la solution d’un problème, il est souvent nécessaire d’oublier le problème. En effet, se baser uniquement sur ce qui est connu ne peut permettre d’imaginer autre chose. Ainsi, qui n’a jamais connu le téléphone ne peut imaginer un appareil qui permet d’entendre et de se faire entendre par la voix à quelqu’un situé à un jour de marche. On peut rêver de le faire mais cela ne suffit pas. (Que les télépathes veuillent bien m’excuser pour cet exemple). L’imagination nécessite donc de recevoir des données depuis l’extérieur du système. Il faut donc en faire un système ouvert.
Une autre limite est la quantité de données que le mental peut traiter dans le présent sans devoir y passer une vie entière car des résultats rapides sont attendus. Cela explique que parfois, il est fait usage de raccourcis, de clichés, de préjugés, de « tout le monde le sait bien » et autres formules destinées à gagner du temps.
En conclusion, il faut tenir le mental pour un système à notre service et qui exécute avec diligence un nombre impressionnant de processus, même si nous ne lui demandons rien. Si nous le laissons faire, il va comme un cheval fou et ne sait plus s’arrêter. Lui permettre de reprogrammer ses réseaux en partant d’une information extérieure permet de structurer différemment la pensée.
Dans le cadre de la méditation par exemple, le mieux est de « demander » à notre mental de programmer toutes ses ressources pour se mettre en attente et rester tranquille, même si des pensées tentantes se présentent à notre esprit. Et on peut être surpris de voir que cela aussi, il peut le faire pour nous rendre service. Traitons-le alors en ami loyal et fidèle.
Ce système fonctionne principalement au niveau du système nerveux autonome et des parties cervicales dédiées aux automatismes vitaux (cœur, viscères, systèmes circulatoires, régulation de température, faim, etc.). Ces éléments cervicaux constituent un assemblage complexe connecté au cortex.
Ce système exprime ses besoins et ses résultats de fonctionnement sous la forme d’un tableau de bord en temps réel qui alerte le mental et alimente certaines de nos émotions, de nos désirs, de nos peurs, de nos aversions, etc. Pour travailler, ce système dispose aussi de neurones spécialisés, parfois disposés au plus près des organes vitaux.
Ce système nous garde dans le rang des vivants et parmi le vivant en interaction constante avec ce qui est extérieur à notre corps, pour le seul bénéfice de ce corps dont il a la charge. Sa priorité exclusive va à ce corps qui l’abrite et dont il a la charge.
Sans ce système, pas de vie possible et surtout, pas de survie dans les conditions extrêmes. Vouloir le supprimer conduit à se suicider (le suicide serait-il une maladie psychique auto immune de l’ego ?). Devant l’activité déployée pour pallier tout manque, il convient de modérer et d’interpréter convenablement le tableau dressé des alertes qui peuvent être disproportionnées. Il faut être reconnaissant à l’ego du travail qu’il accomplit pour permettre au mental et à l’être intérieur de naviguer dans le champ expérimental terrestre. Nous ne remercierons jamais assez l’ego du travail souvent ingrat, mais nécessaire, à notre vie terrestre. Le reconnaître et lui attribuer, comme au mental, de la considération et de la gratitude crée le véritable amour propre.
Sans ces deux compères, pas d’expérimentation cohérente des aspects multidimensionnels de la conscience par l’être intérieur.
L’être intérieur, qui dépend pour l’expérience vivante multidimensionnelle de ces deux amis, va alors ajuster constamment leurs velléités d’emballement en fonction du chemin qu’il veut parcourir, sans se laisser influencer outre mesure. Ici intervient le choix conscient de l’action dans le moment présent avec la coloration apportée par la trinité ego-mental-être intérieur du moment, qui goûte à la conscience universelle dans l’infinité de ses dimensions.
Cette trinité constitue de manière unique un JE qui est l’élément unitaire indivisible de conscience (quantum), constituant indispensable du TOUT.
Dans l’espace/temps et au-delà, le JE que tu es, fait que dans le TOUT il y a cette expérimentation de conscience qui existe.