A propos de l’émergence de nouveaux symboles
– par Michel Barrière –
Il est apparu de nombreuses formes dérivées de « Reiki Usui » avec une prolifération de nouveaux symboles. Cette émergence interpelle et donne à réfléchir.
En Reiki le symbole est aussi une forme d’expression. Sous-jacent au symbole existe une énergie avec des caractéristiques propres et se référant à une ou des lois. Carlyle a écrit « dans le symbole gît le secret de la révélation ». Certaines traditions nous enseignent que les symboles conservent intactes et de façon simple de grandes vérités, mais aussi qu’ils cachent cette vérité et que l’intuition est nécessaire pour l’approcher.
Dans notre humanité la tendance à croire que nous possédons la vérité est grande. Une vérité procède-t-elle d’un consensus ? La vérité comme le symbole qui la masque est-elle universelle ? Existe-t-il un symbole universel ? Il est possible d’en douter : la ligne droite ne se courbe-t-elle pas dans l’espace et le cercle ne se résout-il pas dans le point ? Le point ne disparaît-il pas quand on le concentre indéfiniment? Nos références disparaissent dans l’abstraction comme le verbe dans le Son sans son. Il est évident que l’essence de toute chose prend sa source dans l’abstraction de la Réalité Ultime qui ne peut être définie. Un consensus existe-t-il dans l’abstraction ? Ceci nous conduit à penser que le symbole est un intermédiaire et qu’il est un passage obligé jusqu’à ce que l’identité se fasse. Est-il une illusion opératoire rendue nécessaire par notre incapacité à percevoir la réalité directement ?
Il est clair que dans l’intellect humain le symbole dessine le chemin de l’expression, de la manifestation. Il remplira pleinement son rôle s’il trace aussi celui du retour. Souvent la description des effets du symbole est mise en avant et trop souvent sa substance sous-jacente est ignorée. C’est probablement une des raisons de l’attachement à la forme. C’est aussi une incitation à la création de formes dites nouvelles.
Il est évident que les déviations et les errances peuvent apparaître facilement dans ce foisonnement d’émergences depuis le mirage, l’illusion, la tentation de pouvoir avec toutes les meilleures intentions pour ne citer que celles ci. Alors assistons-nous au phénomène si bien décrit par le mathématicien Thom dans sa théorie de la cassure ou des catastrophes ? Elle peut être schématisée par la vague qui grossit, grossit, jusqu’à ce qu’elle retombe sur elle-même. Dans l’expansion le lien avec la source s’affaiblit au point de ne plus soutenir l’élan. A ce moment le phénomène s’épuise et les éléments deviennent disponibles pour une nouvelle dynamique et une reprise sur une autre spirale.
L’histoire montre que cette théorie s’applique à toutes les activités et créations : science, religions, arts… La courte histoire du Reiki entre-t-elle déjà dans ce moule ? Il semble cependant que les émergences dont il est question ne sont que des vaguelettes et que le courant de fond qui soutient le Reiki est solide, puissant et suffisamment unifié pour garder les vaguelettes en son sein sans en être épuisé.
Ce qui peut préserver le Reiki de cette dissolution c’est le processus de connaissance directe qui remet le symbole à sa juste place comme un véhicule qu’il faut savoir abandonner quand il a rempli son rôle. Il conduit à la mise en place de références sans symbole qui est sans aucun doute l’étape qui suit celle de leur utilisation. De ce fait l’évolution n’est remplie que de magnifiques promesses.