J’entends parfois des commentaires sur l’appellation « Maître Reiki ». Si certains me paraissent judicieux, je trouve d’autres déplacés, voire irrespectueux envers la famille Reiki que nous représentons. Le malaise que je ressens par rapport à cela me donne l’élan de faire aujourd’hui le point sur ma conception de ce titre.
Originellement, le titre de Maître (Senseï) est attribué à un adepte par son propre Maître ou par ses pairs. Pour cela il doit avoir démontré après de longues années de pratique assidue, qu’il maîtrise toutes les facettes de son art d’un point de vue technique, mais qu’il ait de plus acquis les qualités humaines qui feront de lui un bon transmetteur, respectueux de la méthode et de l’éthique.
Il y a un décalage entre ce qui est dit ici (qui représente la tradition) et le fait que dans notre Art nous obtenions ce titre après seulement deux jours de stage. La différence est énorme car d’un côté on doit s’impliquer, beaucoup travailler, transpirer, suer, souffrir parfois et prouver des qualités, tandis que dans notre Voie on reçoit le titre et c’est ensuite seulement qu’on pourra s’engager pour acquérir certaines vertus, si on en a l’impulsion.
Ce qui peut choquer, c’est qu’une personne en possession de son diplôme de Maître Reiki peut ne jamais travailler sur elle, ne jamais chercher à approfondir ou à développer son savoir et malgré tout enseigner. Le plus grave dans ce cas n’est pas le fait qu’elle pratique les protocoles d’Initiation (si elle les respecte), mais plus précisément qu’elle transmette un savoir qu’elle aura sans doute peu ou très mal compris et assimilé. Avec le risque d’interprétations personnelles pour combler certaines lacunes techniques et/ou intellectuelles, d’où une dévalorisation de notre pratique, au fil du temps.
Soyons justes, il est vrai qu’après deux journées de formation à la Maîtrise nous avons reçu normalement tous les éléments de base pour commencer à enseigner. Il reste une condition toutefois, celle de nous engager de toutes nos forces et de tout notre Cœur, pour transmettre le minimum souhaité aux élèves débutants. Ceci ne fait pas du « Bébé Maître » un Maître au sens large car l’acquisition de la Maîtrise est progressive. Seul le temps, le travail et l’expérience permettront de développer et d’intégrer les aptitudes essentielles.
Certains ironisent à propos des Maîtres Reiki avec des commentaires du style: « Ils ne Maîtrisent rien, l’énergie ne se maîtrise pas, Maître – pipo … ». Sans rentrer dans la dualité et la polémique, je peux assurer que tous les Maîtres sensés que j’ai rencontrés admettent sans l’ombre d’un doute que nous ne maîtrisons pas grand-chose, surtout dans le domaine énergétique qui est le nôtre. C’est un sujet très sensible, à tel point que des Enseignants Reiki préfèrent utiliser l’appellation : « Transmetteur Reiki » – « Instructeur Reiki » – « Initiateur Reiki », etc. La plupart sont sincères, et parce qu’ils connaissent avec justesse le sens du titre « Maître » ils lui préfèrent une dénomination plus adaptée à leur sensibilité. Personnellement je trouve leur choix parfaitement respectable.
Si on veut être rigoureux sur le sens des mots, alors aucun être humain ne peux se prévaloir d’un tel titre car quel que soit l’art étudié, personne ne maîtrise la globalité de la méthode. Quelques-uns se rapprochent de ce que nous pouvons qualifier être « une forme de perfection », mais il y a toujours matière à creuser. On en revient au point de départ de toutes Voies :
« L’important n’est pas l’arrivée, mais la Voie elle-même ».
J’en ai pour preuve les quelques Maîtres que j’ai eu l’honneur de côtoyer dans d’autres domaines, ils pratiquaient inlassablement et beaucoup plus que leurs élèves. Nous ne devons jamais associer :
« Etre Maître – donc avoir la Maîtrise – donc ne plus travailler ».
En conséquence, si on adopte ce titre on doit assumer et travailler plus encore que les autres pratiquants. Ceci est dit de façon très claire dans notre lignée :
« La Maîtrise n’est pas le but final, c’est un nouveau départ »
(même si elle nous propulse et bouleverse favorablement notre Evolution Spirituelle).
Paradoxalement à ce que je viens d’écrire, je suis en harmonie avec le titre de « Maître Reiki » ou de « Maître Enseignant ». Non pas parce que j’aurai acquis toutes les qualités et les compétences supposées (excusez-moi de vous avoir fait peur !), mais simplement parce qu’ayant moi-même une grande conscience de ce qu’il représente il me responsabilise au quotidien. Pour cela il m’incite à travailler constamment sur moi, me guide tant dans ma vie que dans ma position d’enseignant et m’encourage à « Honorer ce qu’il m’est permis de pratiquer et de transmettre » (voir l’article de « La lettre Reiki Forum » n° 44). Je n’ai pas deux ailes sur le dos mais je n’en fais pas une maladie et je continue de garder les pieds sur terre.
Ne laissons pas la sémantique nous diviser.
Aujourd’hui, plus qu’hier nous avons besoin que toute la famille Reiki soit réunie !
Chacun peut avoir ses propres interrogations sur ce sujet, j’ai envie de vous dire : « Ne doutez plus, n’ayez pas honte, relevez la tête et portez brillamment ce titre si c’est votre souhait. Honorez-le, impliquez-vous de toutes les manières possibles (dans votre pratique personnelle – en qualité d’enseignant – dans une fédération …) travaillez toujours plus et encore, là est le véritable secret quelle que soit l’appellation choisie ».
Si tous les Enseignants, Instructeurs, Initiateurs ou Maîtres de toutes lignées respectaient et honoraient le titre qu’ils portent (quel qu’il soit), ils redonneraient de l’éclat et de la Lumière à leur pratique personnelle et au Reiki en général, pour le plus grand bien de tout le monde et en Harmonie avec l’Univers !
Pierre JOURDA – Maître Enseignant : Reiki USUI – TIBET – KARUNA® – TEATE
Site Internet : www.reiki-institut.org – Email : reiki.institut26@free.fr