Tu es malade ?!
– par Sophie Rusniok –
Cela fait déjà un moment que je me sens irritée par des discours concernant une certaine manière de voir les problèmes de santé dans le monde spirituel et j’aimerais en faire part. En effet, cette irritation a été récemment réactivée en moi ces derniers temps suite à des rencontres et des événements, notamment dans le contexte de la perte d’une collègue praticienne Reiki troisième degré, décédée d’une longue maladie cette année et dont j’ignorais tout de la souffrance.
Dans les disciplines dites énergétiques, on dit que plus l’on pratique, plus l’on « travaille », mieux l’on se sent, plus l’énergie du corps circule librement et par principe de cause à effet, on se sent en meilleure santé. Je suis totalement d’accord avec ça et merci le Reiki !
Cependant, quand le prof de Yoga, l’enseignant de Reiki ou de Qi-gong a un rhume ou une grippe pendant l’hiver, une hernie cervicale, un accident qui peut surgir du jour au lendemain ou autres bobos de la vie quotidienne, on s’en étonne. Et envisager ces fragilités chez une personne qui a atteint un tel niveau de spiritualité et étant censé montrer l’exemple, nous dépasse : « Il est… malade ??! Il ne doit pas être un bon enseignant/praticien… ».
J’en arrive à être encore plus irritée quand l’on regarde cette personne de travers en déclarant avec ironie que si la personne n’est pas en parfaite santé, c’est qu’elle a mal travaillé. Il serait tentant de se dire « il/elle a dû faire quelque chose de mal pour que ça lui arrive, son ego doit vraiment être dominant » ou bien « il/elle a une entité négative qui le/la colle, sûrement parce qu’il/elle n’est pas si positif(ve) qu’il veut nous le faire croire ».
J’avais déjà observé cela dans un groupe de méditation que je fréquentais il y a quelques années. Il était dit que si l’épaule droite souffrait, la cause était liée à un blocage du chakra de la gorge et que notre ego (lié au côté droit de notre corps, l’action) avait prononcé des paroles blessantes. Honte à nous, notre ego s’est mal comporté et s’en trouve puni. « Tu as eu cet accident car tu n’as pas assez médité » nous disait-on.
Peut-être, mais je ne vois pas en quoi ces culpabilisations sont génératrices de guérison…
Car on le sait bien, avec la loi d’attraction et les affirmations positives, nous serions absolument à l’abri de tout malheur, n’est-ce pas ? Sinon c’est que nous n’avons pas assez élevé notre taux vibratoire.
N’avez-vous pas aussi remarqué certains regards qui vous scrutent, à l’affût de tout problème qui refléterait notre paresse, un éventuel désordre intérieur temporaire ou un moment d’inconscience fugace ? Et que dire de la notion de « crise de guérison » que nous vivons tous sur notre chemin avec le Reiki ? Est-ce à dire que nous ne sommes pas en droit de continuer à être en constante évolution, amenant quelques retours en arrière nécessaires de temps à autre ?
Ayons de la compassion les uns pour les autres, s’il vous plaît, soyons dans l’empathie pour les humains imparfaits que nous sommes. N’utilisons pas à contre-emploi les théories néanmoins très intéressantes du « mal-à-dit » et n’affirmons pas avec malveillance ou pitié : « qu’est-ce qu’il/elle trimballe ! » quand on voit une personne spirituelle en difficulté faisant de son mieux.
Ne tournons pas en dérision le malheur d’autrui, ne soyons pas pré-jugeants. J’ai l’impression que ces notions sont un peu taboues et que des praticiens vont jusqu’à soigner leur image pour paraître être celui qui va toujours parfaitement bien en toute circonstance. Ces dissimulations aboutissent à un écueil et j’avais envie d’évoquer cela car :
Juste pour aujourd’hui je vis ma vie honnêtement
Juste pour aujourd’hui je respecte la Vie autour de moi sous toute forme…
… y compris les millions de petites bactéries venant m’importuner parfois l’hiver !
Sophie Rusniok
sophie@reiki.paris