L’autre tour, j’ai reçu par Internet un article intitulé “Les preuves scientifiques du Reiki ».
Vous vous imaginez mon enthousiasme : j’ai laissé tout tomber pour le lire, malgré le fait que j’étais déçu parce que n’était pas signé. Mais, vive l’Internet, tout se sait et tout s’y trouve, y compris cet article, et c’est ainsi que tout a commencé !
J’ai tout lu et peu à peu, un sentiment « bizarre » s’est installé.
Dans l’article, on cite des noms des scientifiques, des travaux réalisés par rapport au Reiki dans les années ’80 et tout cela a l’air plutôt impressionnant et réjouissant !
Cependant, malgré le fait que je ne sois pas un scientifique, reconnaissant quelques noms de scientifiques et le sujet de leur travail, je me suis mis à vérifier l’exactitude des affirmations apportées dans cet article en tant que « preuves scientifiques ».
Et à ma grande déception j’ai découvert que j’étais devant un article pseudo-scientifique. J’étais en train de lire un article écrit par un non scientifique (mais certainement un enthousiaste du Reiki !) qui a fait en sorte que son article ait l’air scientifique et documenté. Résultat : un article semi-faux ou semi-vrai – au choix !
Toute personne qui prend le temps de vérifier ne serait-ce que quelques éléments de cet article arrive facilement et rapidement à la même conclusion : tout en acceptant la bonne foi de l’auteur, l’article n’est pas fiable et – à mon avis – il vaut mieux ne pas le citer dans vos Manuels ou documents.
Quelques commentaires :
– le document venant de la part de la Fédération Anglaise de Reiki a été « modifié » à la traduction : dans l’original on parle des « techniques énergétiques comme le Reiki » ; dans l’article en français on parle des études réalisées sur le « Reiki même ». Déjà cela représente une énorme différence et tout scientifique français, médecin ou simplement toute personne lucide, éliminera cet article automatiquement. Quand on parle de science, on parle d’exactitude, n’est pas ?
– quand on cite les travaux des scientifiques, on doit donner la source pour que, en cas de besoin, on puisse trouver les informations (ou études) complètes. Mais, ce n’est pas le cas dans cet article, aucune source n’est donnée. Les seules deux références qu’on retrouve à la fin de l’article (par rapport au travail de Weze, C, Leathard HL, Grange J, et al.) parlent de l’utilisation du toucher thérapeutique et non pas du Reiki. Même si je suis tout à fait d’accord que le Reiki est une forme très efficace de toucher thérapeutique, quand on prétend publier un article scientifique il faut être vraiment précis : dans aucun des textes complets en anglais de deux références, on ne retrouve le mot Reiki.
– A un moment donné on cite le Dr. Lucas Barberis, maître de Reiki, médecin, spécialiste en chirurgie cardiaque à l’Université de Gênes (Italie) qui a écrit et présenté « Guérison par le Reiki : ni matière, ni énergie, seulement être » lors du 3e Colloque européend’ethnopharmacologie le 2 juin 1996.
J’ai passé tout un après-midi à essayer à trouver Dr. Luca Barberis à Gênes ; j’ai passé des dizaines de coups de fils en Italie à la faculté de médecine et à l’Hôpital où il est censé travailler. Résultat : Dr. Luca Barberis est à la retraite depuis un certain temps et le numéro de téléphone fixe (qu’on m’avait communiqué à l’Hôpital) n’est plus en service.
J’ai vérifié également sur le site de Guy Mazars, un des organisateurs du 3e Colloque de Gênes et le nom de Luca Barberis ne se trouve pas parmi les dizaines d’intervenants. (http://ethnopharma.free.fr/colloque3/itahome.html)
Je ne veux pas faire des interprétations là-dessus, mais simplement cette piste n’existe plus (du moins pour l’instant) et cela nous laisse dans une drôle de situation : l’article cité (Guérison par le Reiki : ni matière, ni énergie, seulement être par Luca Barberis) est présent sur deux sites Internet différents, il a été traduit par la même personne mais… ils sont presque complètement différents ! Et ils s’éliminent réciproquement !
Evidemment, il n’est pas nécessaire d’aller plus loin. Comme on dit, on arrête les frais et on met cet article dans le même panier avec toutes les autres informations non-fiables qui circulent sur Internet.
Mais, toute expérience a son côté positif. Et le côté positif de tout cela est que tout cela nous rappelle que nous avons besoin d’être extrêmement vigilants non seulement dans la pratique et l’enseignement du Reiki, mais aussi dans la communication.
Il est trop facile de tomber dans le piège du sensationnalisme ou de la pseudo-science juste pour faire passer le Reiki. Mais il n’a pas besoin de cela.
Pour moi, il est très clair que pour que le Reiki ait une chance d’être accepté dans les cercles médicaux en tant que technique complémentaire, il faut que les études réalisés soient claires, menées avec la rigueur scientifique nécessaire, et il faudra par la suite communiquer les résultats avec la plus grande clarté.
L’enthousiasme, c’est bien. Et quand il est accompagné par la conscience, c’est parfait !